L’effet peut être trompeur. Si on commence à regarder Let Him Go sans savoir vraiment de quoi il s’agit ni connaître le roman de Larry Watson duquel il est tiré, on peut aisément s’attendre à voir un western à l’ancienne, pleinement assumé, où les envolées musicales ponctuent les images grandioses du Montana, justement surnommé The Big Sky State. La présence de Kevin Costner, un acteur dont les choix artistiques s’inscrivent souvent dans ce courant plus traditionnel, ne fait qu’accentuer cette impression.

Let Him Go commence dans cette ambiance, mais le récit, bien que campé dans des endroits mythiques de l’Amérique, empruntera plutôt les allures d’un thriller dont l’action découle d’un sentiment de vengeance. Thomas Bezucha, qui compte à son actif des films comme The Family Stone et Monte-Carlo, n’hésite pas à faire basculer l’histoire dans une certaine outrance, laquelle se révèle somme toute amusante, une fois le parti pris accepté.

Diane Lane et Kevin Costner, qui incarnent déjà les parents adoptifs de Superman dans les films de DC Comics, sont réunis pour incarner cette fois un couple de fermiers bien ancrés sur terre. On nous montre d’abord le cadre de vie quasi idyllique dans lequel les deux personnages évoluent, entourés de leur fils, de la femme de ce dernier et d’un adorable poupon, né récemment. Le fils, nous montre-t-on très vite, est cependant victime d’un accident mortel. Trois ans plus tard, sa jeune veuve, Lorna (Kayli Carter), se remarie avec Donnie Weboy (Will Brittain). C’est à partir de là que les ennuis commencent. Le comportement abusif de ce dernier envers sa femme et son beau-fils est rapidement détecté par Margaret (Diane Lane).

PHOTO KIMBERLEY FRENCH

Kevin Costner et Diane Lane dans Let Him Go, un film de Thomas Bezucha.

Quand les nouveaux mariés partent rejoindre la famille de Donnie dans le Dakota du Sud avec l’enfant sans crier gare ni dire au revoir, Margaret convainc son mari, George (Kevin Costner), shérif à la retraite, de partir à leur recherche.

Il en va de la sécurité du petit Jimmy, maintenant âgé de 3 ans, même si, George le sait très bien, ils n’ont pour ainsi dire aucun droit à titre de grands-parents.

Un mode exacerbé

S’ils profitent du long trajet pour se retrouver un peu, et faire la connaissance inopinée d’un personnage qui, on le devine, n’a pas été placé là pour rien, Margaret et George auront tôt fait de découvrir à quel point leur ancienne belle-fille est tombée sur une famille de tarés. Vivant dans une maison lugubre et isolée, régnant sur leur petite communauté comme des matamores, les Weboy sont menés au doigt et à l’œil par Blanche, la matriarche du clan.

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL PICTURES CANADA

Affiche du film Let Him Go

L’actrice britannique Lesley Manville (Phantom Thread), toujours remarquable, s’en donne ici à cœur joie dans le rôle de la mère des frères Weboy. Sous sa perruque blonde, la comédienne emprunte l’accent du Midwest et joue sur un mode exacerbé sans trop tomber dans l’excès. Le dîner au cours duquel elle sert des côtelettes de porc à sa famille et aux invités restera l’un des temps forts de ce film qui assume pleinement son aspect grand-guignolesque.

Let Him Go est à l’affiche dans les salles situées à l’extérieur des zones rouges. La version française a pour tire Laisse-le partir au Québec, L’un des nôtres en France (d’où provient la bande-annonce accompagnant cette critique).

★★★

Let Him Go. Drame. Thomas Bezucha. Avec Kevin Costner, Diane Lane, Lesley Manville. 1 h 54.