Faisant appel à une agence de chauffeurs privés pour ses déplacements en France, Anne Walberg, ancienne sommité dans le monde des parfums, est cette fois intriguée par un chauffeur avec qui, contrairement aux autres, elle pourra établir un rapport humain.

Le postulat de départ n’a rien de neuf. De Driving Miss Daisy à Green Book, plusieurs histoires ont été construites autour de rencontres inattendues entre deux individus issus de classes différentes, « que tout oppose », selon l’adage, qui en viennent à développer quand même un lien significatif à la faveur de trajets sur la route.

C’est aussi le cas dans Les parfums. Grégory Magne, dont le premier long métrage, L’air de rien, n’est jamais sorti au Québec, utilise cependant ce point de départ pour subtilement entraîner son histoire vers des zones plus inédites. L’intérêt de cette douce comédie réside en effet dans la nature de la relation entre une femme entretenant un rapport particulier avec le monde, et un homme qui a simplement besoin de gagner sa croûte.

En choisissant de faire de sa protagoniste, dont l’odorat est surdéveloppé, une grande spécialiste des parfums, le cinéaste, également l’auteur du scénario, a ainsi l’occasion d’entraîner le spectateur dans un monde un peu plus singulier, où les sens prennent parfois le pas sur la parole. Et définissent le rapport aux autres. Cette femme parfois cassante est d’ailleurs en panne d’inspiration depuis quelques années.

IMAGE FOURNIE PAR K FILMS AMÉRIQUE

Les parfums, de Grégory Magne

Grégory Magne orchestre cette rencontre entre deux êtres blessés — chacun à leur façon — en évitant les clichés et les ressorts dramatiques attendus. On peut en dire autant des deux interprètes. En se glissant dans la peau d’un personnage qui aurait facilement pu tomber dans la caricature, Emmanuelle Devos dévoile la finesse de son talent. Avec Grégory Montel, connu du public québécois grâce à la série Dix pour cent (Appelez mon agent), elle forme un bon tandem.

★★★

Les parfums. Une comédie de Grégory Magne. Avec Emmanuelle Devos, Grégory Montel, Gustave Kerven. 1 h 40.

 > Consultez l’horaire du film