Anthropologue enquêteur à l’Institut médico-légal du Guatemala, Ernesto documente le massacre de guérilleros et de civils à la suite d’un coup d’État militaire survenu en 1982. Sa rencontre avec une survivante lui réclamant son aide le mettra sur la trace de son père disparu. Mais la vérité, encore plus choquante, le rattrapera.

Dans une des nombreuses scènes poignantes de ce premier long métrage de César Diaz, un des personnages lance : « Je me suis habituée à vivre avec mes morts. »

Sans doute. Mais le besoin, ce besoin, totalement légitime, de savoir, de retrouver, d’avoir une preuve tangible, reste et s’ancre en nous lorsque ces morts sont des parents ou des proches disparus dont on n’a jamais retrouvé la trace.

Combien de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes d’Amérique latine ont ainsi disparu sous des régimes totalitaires au cours des dernières décennies ? Dans ces conditions, la recherche de charniers n’est pas un sport national. C’est la désespérante quête pour retrouver un lien et s’y rattacher pour toujours.

C’est ce qui est raconté ici dans une œuvre tout à fait maîtrisée, avec un équilibre parfait entre la mise en scène, le scénario et le jeu des acteurs. Aucun aspect du film ne fait de l’ombre à l’autre. Organique, le récit est émouvant, sensible. Le silence de ceux qui restent est un immense cri du cœur intérieur. Le jeu des acteurs, pour la plupart des gens qui ont vraiment vécu la perte d’un être cher, est tout en intériorité. Mais sa résonance tonne comme un hurlement de douleur.

Et il y a plus que les morts. Il y a la souffrance, celle des femmes restées derrière avec d’autres séquelles. Comme le personnage de Cristina qui, on le découvre à la toute fin, porte en elle un lourd secret.

IMAGE FOURNIE PAR K-FILMS AMÉRIQUE

Nuestras Madres, film de César Diaz

Récompensé de la Caméra d’or à Cannes en 2019, ce long métrage de fiction nous rappelle indéniablement Soleils noirs, documentaire québécois sorti l’an dernier dans lequel Julien Elie s’intéressait au sort de milliers de Mexicains disparus.

Film de vérité et de réconciliation, film humaniste et d’espoir, Nuestras Madres est surtout un film nécessaire.

★★★½

Nuestras Madres. Drame de César Diaz. Avec Armando Espitia, Emma Dib, Aurelia Caal. 1 h 17.

En salle dès ce vendredi.

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