Dans la filmographie de Louis Bélanger, Gaz Bar Blues occupe une place à part. Ce film phare du cinéaste, réalisé il y a un peu plus de 15 ans, nourri de souvenirs personnels, a marqué les esprits, notamment par la façon dont les liens familiaux y étaient dépeints, particulièrement ceux entre un père et ses fils. 

Vivre à 100 milles à l’heure est un peu de la même eau, à la différence qu’en abordant cette fois-ci les années d’adolescence à travers le lien unissant trois inséparables amis, le cinéaste explore les aspects plus sombres d’un parcours – réel ou inventé – qui aurait pu dérailler.

Louis Bélanger est un observateur très fin. Sa reconstitution d’une époque révolue – celle de la fin des années 70 et du début des années 80 – est très juste, d’autant plus qu’en ces temps, qui nous semblent si lointains, l’adolescence n’était pas vécue du tout de la même façon qu’aujourd’hui, même si, à la base, le feu intérieur brûle du même bois.

Le récit – en partie autobiographique – est construit autour d’un personnage prénommé Louis, qui assure la narration, et de son meilleur ami d’enfance, Daniel. Se joindra à eux, au début de l’adolescence, Éric, avec qui Louis pourra enfin partager son amour du blues. 

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS OPALE

Plus de 15 ans après Gaz Bar Blues, Maxime Dumontier joue du muscle dans Vivre à 100 milles à l’heure, un film de Louis Bélanger.

Dans l’école polyvalente de Québec qu’ils fréquentent, dessinée par le même architecte que la prison d’Orsainville, ces adeptes de « ski bottine », qui profitent de leur jeunesse avec la plus plaisante insouciance, commenceront à se faire un peu d’argent de poche en refilant des joints à leurs camarades.

L’appât du gain facile étant fort attrayant, les trois gars ont tôt fait d’élargir leur champ d’action. En s’enfonçant de plus en plus dans le trafic de drogues plus dures, les apprentis pushers soulèvent évidemment l’ire des criminels de profession ayant autorité sur le territoire. Et risquent de l’apprendre à la dure. On remarquera notamment la présence musclée de Maxime Dumontier, celui-là même qui incarnait le petit dernier dans Gaz Bar Blues

Pas la même grâce

Le récit se déroulant sur plusieurs années marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte, Louis Bélanger a dû recruter plusieurs comédiens pour incarner les mêmes personnages. Bien sûr, les plus vieux, appelés à traduire la partie la plus dramatique de l’histoire, se réservent la part du gâteau. Antoine L’Écuyer (Daniel), Félix-Antoine Cantin (Éric) et Rémi Goulet (Louis), dont la ressemblance avec le cinéaste est frappante, offrent de solides performances.

Outre la reconstitution d’époque, on appréciera le portrait qui, souvent, ne manque pas d’humour, ainsi que cette ode à l’amitié, si fondamentale à cette étape de la vie des protagonistes.

La magie étant une chose très rare, force est de constater que Vivre à 100 milles à l’heure n’a pas la grâce de Gaz Bar Blues, auquel il sera inévitablement comparé. Il fait partie de ces œuvres dont on apprécie les qualités, certes, mais qui ne laissent pas de souvenirs impérissables.

Cela dit, il convient de signaler le laurier que Louis Bélanger a tout récemment obtenu au Festival de cinéma de la ville de Québec. Le prix du film le plus populaire lui a en effet été attribué.

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Vivre à 100 milles à l'heure, de Louis Bélanger