Ce film inattendu, bourré de charme, se situe au croisement du Huitième jour et de Little Miss Sunshine. Dans le long métrage de Jaco Van Dormael, un homme d’affaires dont la vie était entièrement vouée au travail se liait d’amitié avec un homme atteint de déficience intellectuelle. En 1996, ce film avait valu à ses deux interprètes principaux, Daniel Auteuil et Pascal Duquenne, un prix d’interprétation au Festival de Cannes. Little Miss Sunshine, dans lequel ont été impliqués deux des producteurs de The Peanut Butter Falcon, racontait l’histoire d’une fillette derrière laquelle se rangeait sa famille après son inscription à un concours de beauté pour enfants.

Il n’y a aucun concours de beauté dans ce premier long métrage de Tyler Nilson et Michael Schwartz. Il n’y a pas de famille non plus, mis à part celle, selon l’adage, que « l’on choisit ». Mais il y a une histoire d’amitié improbable, et un rêve qu’entretient un jeune homme trisomique âgé de 22 ans, soit celui de rencontrer son idole (Thomas Hayden Church), un lutteur sur le retour dont il ne cesse de regarder les vieilles vidéocassettes, et même, pourquoi pas, d’inscrire à l’école de lutte que ce dernier dirige.

La probabilité que tout cela se réalise un jour semble pourtant bien mince. Par la force des choses, parce qu’il ne peut en être autrement, Zak (formidable Zack Gottsagen, lui-même atteint de déficience) vit en effet dans une maison de retraite, en compagnie de gens ayant trois ou quatre fois son âge. Son désir de fuir ce triste milieu ne prend pas réellement sa source dans un malheur de vivre, mais plutôt dans un vrai désir d’accomplissement.

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The Peanut Butter Falcon

À la fois improbable et plausible

Aussi Zak use-t-il de ruse (avec la complicité de quelques résidants, dont l’un est incarné par Bruce Dern) pour détourner l’attention du personnel de la maison et s’évader de l’institution, pratiquement nu et en pleine nuit. Dans sa cavale, le jeune homme aura la chance de rencontrer Tyler (Shia LaBeouf), un hors-la-loi, en fuite lui aussi, qui le prendra sous son aile en devenant son entraîneur et son allié. Bien sûr, le récit est « arrangé avec les gars des vues », mais cette rencontre, pour improbable qu’elle soit, reste plausible de par la nature même de Zak, face à qui le cœur le plus endurci ne peut résister.

Shia LaBeouf, dont on connaît aussi les déboires hors des plateaux, affiche ici une présence charismatique à l’écran. Dans ce rôle de délinquant prêt à contourner les règles pour soutenir son nouvel ami, l’acteur offre une performance solide, tout comme Dakota Johnson dans le rôle d’une travailleuse sociale. On remarquera aussi la présence de quelques vieilles gloires du monde de la lutte – Jake « The Snake » Roberts et Mick Foley notamment – qui ajoutent des accents d’authenticité à un récit qui, bien que parfois prévisible, aborde quand même les questions essentielles de l’existence. Et ses injustices.

Notez que The Peanut Butter Falcon, lauréat du prix du public au festival South by Southwest, est à l’affiche en version originale anglaise, ainsi qu’en version originale anglaise avec sous-titres en français (sous le titre Le faucon au beurre d’arachide).

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