Jeune trentenaire qui tente de gagner sa vie comme urbaniste, Angèle défend avec des opinions tranchées ses principes de gauche, quitte à se mettre à dos une partie de son entourage. Si elle mène ses combats politiques et sociaux avec fermeté, elle affiche beaucoup moins d’assurance côté cœur. 

Plus le visionnement du film Tout ce qu’il me reste de la révolution avançait et plus l’impression de n’avoir jamais rien vu de semblable dans le passé se précisait. Qu’on se rassure tout de suite, c’est très bon signe dans le cas présent.

Très assumé dans son propos comme dans la forme, singulière, qu’il adopte, le film oscille constamment entre larmes et rires, entre phrases assassines et gaffes hilarantes, entre engueulades cyclopéennes et retrouvailles douces-amères.

Là où certains pourraient y voir des ruptures de ton agaçantes, nous y trouvons plutôt un juste équilibre, un savant dosage, pour bien nous faire comprendre ce personnage complexe et multicouche qu’est cette sympathique Angèle.

C’est granuleux, c’est caustique, ça écorche. Ça fait réfléchir. C’est charmant et intelligent. Ce qui n’est pas le lot de toutes les comédies.

IMAGE FOURNIE PAR A-Z FILMS

Tout ce qu’il me reste de la révolution 

Bien définis, les personnages secondaires, dont cette mère qui a rangé ses idéaux marxistes, ce beau-frère dont la vie est modulée à la réussite, cette amie résignée aux boulots alimentaires et ce prétendant qui semble sortir d’une boîte à surprises permettent de mieux définir Angèle et le sentiment de vivre dans un carcan qui l’habite.

C’est néanmoins sur les épaules de Judith Davis que tient la réussite du film. En plus d’avoir coécrit le scénario et signé la réalisation, la jeune comédienne a juste assez de retenue, et juste assez d’excès le moment venu, pour nous faire croire en cette Angèle vulnérable, mais qui n’a jamais l’intention de baisser les bras.

Voilà donc un joli film rafraîchissant.

★★★½ Tout ce qu’il me reste de la révolution. Comédie dramatique de Judith Davis. Avec Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas. 1 h 28.