Au début des années 80 à Leningrad, une scène rock émerge en amont de la Perestroïka. Mike s’est déjà fait un nom au moment où, en compagnie de son amoureuse, il rencontre le jeune Viktor Tsoi. Ensemble, ils vont changer le monde musical en Union soviétique.

Kirill Serebrennikov est ce cinéaste russe qui, l’an dernier, n’a pu accompagner son film à Cannes à cause d’une assignation à résidence, levée depuis.

Son film, fort bien accueilli sur la Croisette, évoque le parcours de Viktor Tsoi, figure légendaire de la scène rock soviétique dans les années 80.

L’atmosphère répressive évoquée dans ce film — le pouvoir soviétique n’était guère entiché des excès liés à la culture rock — emprunte du coup une résonance très actuelle.

Très connu en Russie (moins dans le reste du monde), Viktor Tsoi (incarné par l’acteur coréen Teo Yoo) est arrivé à une époque charnière de l’Union soviétique — les années 80 — et a charrié avec lui les aspirations d’une jeunesse en quête de liberté, jusque-là trop contrainte par les règles strictes imposées par le régime.

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Leto, de Kirill Serebrennikov

Grâce à sa poésie, qu’il a su harmoniser à des styles musicaux venus d’Amérique et de Grande-Bretagne, inspiré aussi par le mouvement punk, Tsoi a pu donner une voix à ceux qui cherchaient une manière de s’exprimer et de se faire entendre.

Tourné en majeure partie en noir et blanc, Leto (L’été est le titre français) rappelle aussi l’esthétique de cette époque.

Il se dégage de l’ensemble une certaine mélancolie, mais le spectateur qui ignorerait l’histoire de Viktor Tsoi, mort dans un accident de voiture en 1990, aura parfois l’impression de regarder les choses plus à distance. Cela dit, Serebrennikov propose un formidable voyage musical.

★★★½ Leto (v.o. s.— t.f. : L’été). Drame biographique de Kirill Serebrennikov. Avec Teo Yoo, Irina Starshenbaum, Roman Bilyk. 2 h 6.