Après Les démons, un premier long métrage de fiction qui aurait sans aucun doute mérité un plus bel écho, Philippe Lesage poursuit sa démarche «semi-autobiographique» en explorant les arcanes du sentiment amoureux à un très jeune âge.

Genèse évoque avec sensibilité et délicatesse les questionnements liés à différentes étapes de l'apprentissage amoureux, en trois histoires distinctes. La première est construite autour d'un adolescent, Guillaume (Théodore Pellerin), pensionnaire d'un collège réservé aux garçons, qui tombe amoureux de son meilleur ami (Jules Roy Sicotte). Dans la deuxième, Charlotte (Noée Abita, révélation du film français Ava), maintenant jeune adulte, multiplie les aventures après que son amoureux (Pier-Luc Funk) eut évoqué le souhait d'un couple «ouvert». Enfin, Félix (Édouard Tremblay-Grenier, révélé grâce aux Démons) vit ses tout premiers émois amoureux dans un camp de vacances, alors qu'en toute innocence, son coeur vibre pour une jeune fille (Émilie Bierre).

On comprendra rapidement que les deux premiers protagonistes partagent un lien familial. En revanche, le dernier acte du film emprunte un peu la forme d'un épilogue qui n'a strictement rien à voir avec les deux premiers. D'où une certaine déstabilisation, dans la mesure où le seul point commun reliant les histoires est une chanson folklorique. C'est d'ailleurs au cours de cette dernière partie que le titre du film prend son vrai sens. 

En s'attardant à des préados, le cinéaste retourne à la toute première étape de l'apprentissage amoureux et aux questions fondamentales qui s'y rattachent.

Un récit à la fois dur et subtil

Auparavant, Philippe Lesage nous aura déjà offert un récit à la fois dur et subtil, parsemé de scènes très fortes. Théodore Pellerin offre une excellente performance dans le rôle d'un pensionnaire extraverti, qui aime s'offrir en spectacle pour mieux dissimuler un monde intérieur un peu trouble. La façon dont évolue le sentiment qu'il éprouve envers son meilleur ami est illustrée de manière remarquable, pour ensuite atteindre un sommet lors d'un concours oral livré en classe.

On peut en dire autant du cas de Charlotte, une jeune femme qui plonge dans le monde de la fête après avoir réalisé que son couple n'est peut-être pas aussi solide qu'elle le croit. Tout comme celui de Guillaume, le parcours de Charlotte est aussi marqué par un épisode dramatique.

Il se trouve qu'après avoir suivi les quêtes de ces deux personnages, avec des passages très bien amenés entre l'une et l'autre, Philippe Lesage choisit de rompre complètement avec ces deux histoires et de nous transporter ailleurs. Ce dernier acte, audacieux, n'est cependant pas aussi fort que les autres sur le plan dramatique.

Genèse reste cependant un excellent film, duquel ressortent quelques morceaux de bravoure, tant sur le plan de l'interprétation que de la mise en scène. Cette oeuvre se démarque aussi grâce à cette façon de s'immiscer dans les méandres du jeune âge sans complaisance. Le terreau dans lequel Philippe Lesage plonge est fertile et lui donne l'occasion de livrer un long métrage empreint d'authenticité.

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Genèse. Drame de Philippe Lesage. Avec Noée Abita, Théodore Pellerin, Édouard Tremblay-Grenier. 2h10.

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