Après les funérailles manquées de leur père, Simon et Jonathan décident d’aller disperser les cendres au chalet du défunt, quelque part dans une pourvoirie en Mauricie. Pris en huis clos sur un ponton naviguant sur les eaux le long du réservoir Gouin, les deux frères vont s’affronter, puis renouer, avant de finalement se révéler l’un à l’autre. Leur curieux voyage de pêche à la mémoire du paternel se transformera alors en leçon de vie.

Pour son premier long métrage « à microbudget », la réalisatrice Kim St-Pierre nous raconte une histoire de pêche pas comme les autres. Celle de deux frères à couteaux tirés, l’un musicien, l’autre militaire, qui s’apprivoisent, après la mort accidentelle de leur père, dans un « boat movie » québécois émouvant malgré ses maladresses.

Pour honorer sa mémoire, et rattraper ses funérailles ratées, Simon et Jonathan louent un bateau-maison pour se rendre au chalet du défunt en emportant les cendres… Malgré les invitations du paternel, les deux jeunes hommes n’ont pas remis les pieds au chalet de pêche, perdu au fond d’une pourvoirie, depuis leur enfance. Ils auront donc de la difficulté à le retrouver. Mais pas autant que d’apprendre à vivre ensemble et à dévoiler leurs blessures intimes. À l’image du processus de deuil, ce voyage de pêche sera semé d’embûches.

La cinéaste a pris le parti de se concentrer sur la relation entre les deux frères. Sauf pour quelques secondes en voix off, le père n’apparaît jamais en flash-back et (presque) aucun autre personnage n’intervient. L’action se concentre dans ce huis clos maritime. Les souvenirs remontent lentement à la surface. En voguant sur les eaux du réservoir, isolés du monde en Haute-Mauricie, les deux protagonistes aux personnalités opposées se dévoilent. Entre les silences et les non-dits. 

PHOTO FOURNIE PAR FRAGMENTS DISTRIBUTION

Réservoir, de Kim St-Pierre

Si les images sont magnifiques, elles finissent par lasser, car trop contemplatives. On ne construit pas un scénario avec de beaux couchers de soleil et des ciels à couper le souffle… Côté acteurs, Jean-Simon Leduc, comme d’habitude, est excellent dans le rôle de l’artiste paumé qui fuit la lumière.

Maxime Dumontier souligne un peu trop la vulnérabilité de son personnage. Avec sa longue chevelure négligée, on devine dès le premier plan que l’uniforme ne fait pas le soldat. Malgré les apparences, le poète taciturne s’avérera plus fort et fiable que le valeureux militaire. Or, le secret le plus lourd de Réservoir reste celui du père, de son infinie tristesse qu’il venait noyer au fond du réservoir Gouin.

Malgré ses longueurs, Réservoir est finalement un assez beau film. Un chant d’amour à la fraternité, à la résilience et aux liens qui nous attachent à la famille dans la grande chaîne de la vie.

★★★

Réservoir, de Kim St-Pierre. Avec Jean-Simon Leduc, Maxime Dumontier et Marco Collin. 1 h 27. 

> Consultez l’horaire du film : https://ouvoir.ca/2019/reservoir