Un apiculteur, ancien agronome, voit inopinément débarquer dans sa vie le frère Marie-Victorin. L’auteur de Flore laurentienne et fondateur du Jardin botanique revient du ciel 75 ans après sa mort parce que l’au-delà est résolument trop « plate » à son goût. Partageant les mêmes préoccupations écologiques, les deux hommes se lient d’amitié.

Comme chaque film d’André Forcier, qui occupe une place à part dans notre cinéma, Les fleurs oubliées est parsemé de fulgurances et regorge d’idées foisonnantes. Le cinéaste est à peu près le seul chez nous à utiliser le concept du « réalisme magique », lequel lui permet de canaliser une imagination aussi fertile que les graines cosmiques qu’apporte le frère Marie-Victorin dans son film.

La rencontre surprenante qu’il orchestre entre cet ecclésiastique sorti d’un autre âge et un apiculteur aux prises avec des enjeux très contemporains fonctionne en outre grâce aux deux acteurs en présence, Roy Dupuis et Yves Jacques. Ce dernier offre d’ailleurs une performance remarquable en revêtant la soutane de cet homme exalté qui s’exprime avec une langue aussi soutenue que surannée.

IMAGE FOURNIE PAR FILMOPTION INTERNATIONAL

Les fleurs oubliées

Cela dit, on sent que le cinéaste, qui a cosigné son scénario avec quatre autres personnes (dont ses deux fils), veut aborder tellement de thèmes à la fois que le récit en souffre sur le plan de la fluidité. Le spectateur est un peu maintenu à distance, surtout sur le plan des enjeux sociaux et politiques. En revanche, tout ce qui touche à l’intime, au concept de la famille et de la transmission des valeurs, fait mouche.

Magnifiquement mise en images (photo signée Nathalie Moliavo-Visotsky), cette fable naturaliste comporte un dernier acte ayant pour cadre la Minganie. C’est là, surtout, que Les fleurs oubliées fait rêver.

★★★

Les fleurs oubliées. Comédie dramatique d’André Forcier. Avec Roy Dupuis, Yves Jacques, Christine Beaulieu. 1 h 42.

> Consultez l’horaire du film : https://ouvoir.ca/2019/les-fleurs-oubliees