Athlète émérite et orateur chevronné, un adolescent fait la fierté de ses parents adoptifs, qui sont allés le chercher en Érythrée 10 ans plus tôt, et de l’établissement scolaire qu’il fréquente. L’excellente réputation du jeune homme sera toutefois entachée par une découverte, peut-être troublante, que fait l’un de ses enseignants.

En portant à l’écran la pièce de J.C. Lee, qui a coécrit le scénario de ce film avec le cinéaste, Julius Onah (The Cloverfield Paradox) ne pouvait être plus en phase avec le questionnement identitaire de notre époque. Luce (formidable Kelvin Harrison Jr.) cristallise en effet à lui seul tous les fantasmes du rêve américain et de la bonne conscience qui en découle.

Ce jeune homme bien sous tous les rapports, poli, qui s’exprime bien, respectueux de ses parents adoptifs (Naomi Watts et Tim Roth), qui excelle dans les sports et dans les matières scolaires, n’affiche rien de moins qu’une image de perfection. La société peut ainsi s’enorgueillir à l’idée que Luce, arraché des griffes d’un pays en guerre à l’âge de 7 ans, ait pu se construire une vie aussi enviable aux États-Unis. Choisi pour livrer un discours au nom de tous les élèves de l’école qu’il fréquente, Luce ne manquera d’ailleurs pas d’exprimer sa reconnaissance au pays qui l’a accueilli.

IMAGE FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Affiche du film Luce

L’habileté du récit réside dans cette capacité d’aller creuser subtilement sous les apparences à partir du moment où l’une des enseignantes de Luce (Octavia Spencer) soupçonne la présence de quelques zones un peu plus sombres chez l’élève. Le point de vue collectif sur un individu venu d’ailleurs peut ainsi changer rapidement si on croit — à tort ou à raison — qu’il ne peut plus être à la hauteur des attentes placées en lui. Que voilà un film troublant.

Notez que Luce est à l’affiche en version originale anglaise seulement.

★★★½ Luce. Drame de Julius Onah. Avec Kelvin Harrison Jr., Naomi Watts et Octavia Spencer. 1 h 49.

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