Est-ce qu’on peut recevoir autant de compassion et obtenir de si nombreuses chances dans une tranche de vie aussi courte ? Peut-on renaître si aisément de ses propres cendres après une descente aux enfers ?

Ces questions nous turlupinaient à la sortie du visionnement de ce film de Tom Harper, récemment connu ici pour avoir signé la série Guerre et paix diffusée sur ICI ARTV. De voir ainsi la vie de Rose-Lynn passer du noir au blanc avec un fort accent de conte de fées avait quelque chose de suspect, voire… d’hollywoodien.

Légitimes, nos interrogations étaient néanmoins constamment repoussées dans des zones éloignées de notre (mauvaise) conscience parce que ce film rempli de beaux moments est diablement efficace, tant par sa narration sans temps mort que par sa mise en scène dépouillée de fioritures.

Mais Wild Rose est surtout efficace en raison du travail sans faille de Jessie Buckley dans le rôle principal de Rose-Lynn.

Chanteuse et comédienne irlandaise récemment vue dans Guerre et paix (décidément) et dans la série Tchernobyl, Miss Buckley est visiblement ici sur son X. Elle y incarne une jeune femme qui, à peine sortie de prison, se retrouve dans un logement social de Glasgow avec ses deux enfants dont elle peine à s’occuper.

Talentueuse chanteuse country, Rose-Lynn ne rêve que d’une chose : s’envoler pour Nashville et y faire carrière. Immature, engoncée dans son quotidien de misère, elle est colérique, impulsive, rageuse, frustrée. Sans jamais pousser trop loin, Jessie Buckley joue parfaitement toutes les couches de cette personnalité complexe qu’est Rose-Lynn.

Deux autres femmes présentes dans sa vie, sa mère Marion (Julie Walters) et son employeuse Susannah (Sophie Okonedo), la remettront heureusement dans le droit chemin. Et soudainement, alors que plusieurs choix de vie s’offrent à elle, Rose-Lynn choisira celui ayant le plus de sens.

IMAGE FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

Wild Rose

Prévisible ? Oui, souvent. Plusieurs scènes du genre ont été vues ailleurs et on devine leur profil à l’horizon du scénario.

Mais l’ensemble est assez convaincant pour qu’on se sente lié au destin de Rose-Lynn et on veut qu’elle s’en sorte.

Le fait que l’histoire se passe dans le milieu de la musique country ajoute à l’attachement que développe le spectateur. Difficile de ne pas taper du pied durant plusieurs passages.

On risquera la comparaison avec Teen Spirit, un drame musical vu récemment, mettant en vedette Elle Fanning. Force est d’admettre que Wild Rose est nettement meilleur.

Ajoutons enfin que ce film est présenté uniquement en anglais au Québec et que l’accent écossais est très prononcé. Pas toujours facile de saisir toutes les subtilités des échanges. Mais la construction de l’œuvre étant habile, on ne perd jamais le fil de l’histoire.

★★★½ Wild Rose. Drame musical de Tom Harper. Avec Jessie Buckley, Julie Walters, Sophie Okonedo. 1 h 40.

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