Ils sont chercheurs, inventeurs et artistes. Ils vivent à New York, Tokyo ou dans le désert. Et ils sont unis par une idée fixe : assurer la survie, voire la renaissance, de la photographie à développement instantané Polaroid.

Dans sa caravane au look négligé dans le désert californien, la photographe allemande Stefanie Schneider ouvre la porte de son réfrigérateur contenant ce qui représente à ses yeux un trésor des plus fragiles : des dizaines de boîtes de films Polaroid. Or, les émulsions sont en voie d’être périmées. L’artiste doit se presser de les utiliser pour les projets de portraits qui font sa renommée.

Ce passage résume l’essence du documentaire de Willem Baptist. Allant au-delà de la simple histoire de cette pellicule et de son inventeur Edwin Land, le cinéaste s’intéresse à quelques geeks fascinés par ce format photographique. Ils y expliquent leur rapport à ces images analogiques et relatent leurs démarches pour que le Polaroid ne se fasse pas complètement anéantir par la photo numérique.

Bien sûr, le concept n’est pas mort. Polaroid existe toujours et a même son site internet. Mais pour ces nostalgiques, rien ne remplacera le film original dont la formule chimique est d’une grande complexité.

Fait d’images d’archives et contemporaines, le film affiche un côté « psychotronique » assumé. Sons bizarres, climat de tension, réactions chimiques filmées en macro, couleurs criardes, voix en écho : tous les effets visuels et sonores sont utilisés pour faire sentir au spectateur qu’il est devant une situation de survie.

IMAGE FOURNIE PAR L’ACÉPHALE

Instant Dreams

Ça ne risque pas de plaire à tout le monde. D’autant que le film part dans toutes les directions. Il est néanmoins instructif dans son propos. Il nous rappelle par exemple que le Polaroid a été la première manifestation de l’instantanéité de l’image.

Ironiquement, ce film nous arrive au moment où le musée McCord propose une exposition, Le projet Polaroid, sur le même sujet.

★★★ Instant Dreams. Documentaire de Willem Baptist. Avec Stefanie Schneider, Stephen Herchen, Christopher Bonanos. 1 h 31.

> Consultez l’horaire du film