Était-il vraiment nécessaire et pertinent de produire la suite d'un film classique vieux de près de 55 ans? La réponse à cette question? Sincèrement, non. Mary Poppins, réalisé à l'époque par Robert Stevenson, a mis la barre tellement haut à l'échelle de nos souvenirs d'enfance qu'il devient bien difficile de proposer une suite aussi marquante.

Et puis, le rôle colle à la peau de Julie Andrews autant que celui de l'autre célèbre gouvernante qu'elle a incarnée, celle de la famille von Trapp. Imaginerait-on une suite à The Sound of Music au grand écran? Les bonzes de Hollywood y ont sans doute songé. Mais, euh, non.

Mais puisque Mary Poppins Returns existe, reconnaissons quand même aux artisans leur franche volonté de vénérer en tous points les traits distinctifs du film original. Dans ces circonstances, oui, le réalisateur Rob Marshall (Chicago, Into the Woods), maître contemporain des comédies musicales, était probablement le mieux placé - il le dit d'ailleurs lui-même! - pour s'acquitter de cette tâche. Il faudra d'abord être sensible au charme vieillot de cette forme de cinéma pour apprécier à sa juste valeur ce long métrage fabriqué à l'ancienne, même si la technologie actuelle a été utilisée, mais sans que celle-ci ne vienne gêner l'approche empruntée par le cinéaste.

L'intrigue, un peu poussive, est campée 25 ans plus tard, soit à l'époque de la crise économique des années 30. La petite Jane d'antan (Emily Mortimer) milite maintenant pour une meilleure justice sociale et, comme sa mère jadis, pour la cause des femmes. Elle débarque souvent chez son frère Michael (Ben Wishaw), père de trois jeunes enfants et veuf depuis peu. En plus du malheur intime qui a frappé le garçon devenu jeune homme, ce dernier est également aux prises avec de graves problèmes financiers, qui pourraient même l'évincer de la maison familiale, située sur Cherry Tree Lane. Un combat avec un vil banquier (Colin Firth) s'annonce. Bref, la situation s'annonce si grave que Mary Poppins décide de reprendre son parapluie et de retrouver la famille dont elle a été un jour la gouvernante.

Emily Blunt, parfaite!

Emily Blunt - parfaite, disons-le - reprend le rôle de Mary Poppins en donnant au personnage une petite lueur malicieuse dans l'oeil, mais jamais au détriment de la compréhension des jeunes enfants, le premier public auquel elle s'adresse. Dès son arrivée, et la glissade sur la rampe d'escalier, la magie opère. La dynamique avec le petit trio du clan Banks reste aussi la même. L'allié de Mary Poppins dans cette nouvelle aventure n'est plus Bert, mais Jack (Lin-Manuel Miranda), un allumeur de réverbères qui connaît bien le monde de la rue. De nouveaux personnages font leur entrée, notamment une cousine de la gouvernante, interprétée par Meryl Streep, dans un numéro qui ne passera cependant pas à l'histoire. Le vétéran Dick Van Dyke, 93 ans bien sonnés, y va d'une participation.

On a bien sûr droit à la séquence où les personnages évoluent dans un décor de dessin animé, ainsi qu'à des numéros de production bien élaborés. Le hic? Aucune nouvelle chanson ne s'inscrit dans notre imaginaire de la même façon que celles, inoubliables, du film original. Du moins, pas à la première écoute.

Reste que les artisans de Mary Poppins Returns (Le retour de Mary Poppins en version française) ont quand même fait du bel ouvrage. Les tout-petits seront sensibles à la magie qui émane de l'ensemble, et les enfants devenus des adultes d'âge mûr en seront quittes pour une bonne dose de nostalgie.

* * * 1/2

Mary Poppins Returns (V.F.: Le retour de Mary Poppins). Comédie musicale de Rob Marshall. Avec Emily Blunt, Lin-Manuel Miranda, Emily Mortimer. 2 h 10.

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Affiche fournie par Disney Pictures

Mary Poppins Returns