L'histoire: à mi-chemin entre un être humain et un animal, Tina possède un don pour détecter le mal. Vivant en marge de la société, elle trouve un jour son chemin en faisant la rencontre de Vore, un troll qui lui révèle sa vraie nature.

En entrevue, le réalisateur Ali Abbasi nous a dit avoir voulu faire un film grand public. Vraiment? Au contraire, cette oeuvre nous semble très «champ gauche», singulière, atypique.

Le public sera assurément partagé. À notre sens, c'est un film exceptionnel à tous les points de vue. Et ce, en dépit de nombreux passages repoussants et inconfortables.

Que ce soit dans son scénario, sa mise en scène, le jeu des acteurs ou la direction photo, le long métrage de M. Abbasi propose une histoire forte et qui suit plusieurs pistes sans jamais s'égarer, ce qui constitue un tour de force.

Les thèmes explorés tels l'amour, la haine, les caractères innés par rapport aux caractères acquis, la proximité de la nature et même le désir de transmission s'emboîtent les uns dans les autres pour, en fin de parcours, célébrer la différence. Voilà le bon mot!

S'il y a un thème central à retenir pour résumer ce film, c'est la différence. Et l'acceptation de celle-ci. Lorsque Tina se rend compte de sa réelle sexualité et lorsqu'elle s'accouple avec Vore, elle est possédée d'une joie immense qui se transmet au spectateur. La scène où le couple se baigne dans un lac sous la pluie est d'une beauté sans nom.

D'ailleurs, la nature sauvage, presque vierge, dans laquelle les deux protagonistes évoluent se fait ici personnage. Tantôt, elle contraste avec la vie merdique, surtout en première moitié du film, de Tina. 

Plus loin, elle se fait témoin et même complice de l'histoire intime qui se développe entre Tina et Vore. Dans cette conjoncture, les dialogues sont réduits au minimum. C'est bien ainsi. On comprend tout, on ressent tout. C'est la magie du cinéma.

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Border (V.O.: Gräns). Drame d'Ali Abbasi. Avec Eva Melander, Eero Milonoff, Vikto Akerblom. 1 h 41.

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Photo fournie par Mongrel Media