Voilà l'exemple parfait d'un film qui bénéficie grandement des performances exceptionnelles des acteurs en présence. Sans eux, nommément Timothée Chalamet et Steve Carell, Beautiful Boy aurait facilement pu sombrer dans le genre de téléfilm de luxe consacré à la «maladie de la semaine».

Sous la gouverne de Felix van Groeningen, un cinéaste belge reconnu sur le plan international grâce à The Broken Circle Breakdown (cité aux Oscars en 2014 dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère), ce film un peu trop sage trouve quand même un bel ancrage.

À partir de l'histoire qu'ont véritablement vécue David Sheff et son fils Nic, qui ont tous deux relaté leur expérience de la toxicomanie en écrivant chacun un bouquin, van Groeningen arpente toutes les facettes d'un problème qui, malgré tous les efforts et les bonnes intentions, ne comporte aucune solution facile.

Steve Carell, qui emprunte ici un tournant résolument dramatique, se glisse dans la peau de ce journaliste reconnu, aimant et aimé de ses enfants, dont l'aîné, Nic (Timothée Chalamet), commence pourtant à afficher de graves problèmes de dépendance. David s'est toujours fait un devoir d'être très près de son fils, mais le crystal meth faisant son effet, il a de plus en plus de mal à reconnaître - à comprendre surtout - le jeune homme de 18 ans qui vit sous son toit. Inévitablement, des conflits surgissent. Entre eux d'abord. Entre David et la mère de son fils (Amy Ryan), dont il est séparé. Sa conjointe (Maura Tierney) écope aussi.

Dénué d'effets racoleurs

Coécrit par Luke Davies (Lion) et le cinéaste, le scénario insiste sur l'aspect imprévisible d'une maladie difficile à maîtriser, pour laquelle tout l'amour du monde ne peut servir de cure. Forcément, on évoque ici les jours plus heureux, vécus en famille, d'où l'utilisation de la chanson de John Lennon qui a donné au film son titre. On évoque également les étapes d'un deuil à faire, face à sa propre impuissance. À cet égard, Steve Carell traduit parfaitement le parcours émotif d'un homme qui ne pourra faire autrement que de céder parfois à la colère.

Face à lui, Timothée Chalamet confirme son statut d'acteur d'exception. Celui qui a été révélé grâce à Call Me by Your Name est ici complètement déchirant. 

Il module avec brio les tempêtes intérieures d'un personnage souvent sur la corde raide. Ensemble, les deux acteurs atteignent de beaux moments d'authenticité et d'émotion, sans jamais sombrer dans les effets racoleurs ou sentimentaux.

Aussi, Felix van Groeningen a ponctué son film de pièces musicales judicieusement choisies, de Mogwai à Sigur Rós en passant par Nirvana et Pavlov's Dog. Le dernier acte, accompagné d'un extrait de la Symphonie no 3 d'Henryk Mikołaj Górecki, se révèle particulièrement prenant et donne à cette histoire une dimension quasi mystique.

Notez que ce film prend aussi l'affiche en version originale sous-titrée en français sous le titre Un garçon fantastique.

* * * 1/2

Beautiful Boy. Drame biographique de Felix van Groeningen. Avec Timothée Chalamet, Steve Carell, Amy Ryan. 1 h 51.

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Image fournie par VVS Films

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