Si le long métrage Guy d'Alex Lutz était une chanson, ce serait une belle mélodie, douce, un brin mélancolique, intelligente, qui marque nos souvenirs et berce toujours notre coeur lorsqu'on la fredonne.

À chacun son exemple. Dans notre cas, ce sera L'amitié de Françoise Hardy. Pourquoi celle-là? Parce que si Guy Jamet, le personnage totalement fictif du film - on insiste -, existait réellement, il serait un contemporain de la célèbre chanteuse française. Tout comme il le serait de Cloclo, Johnny, France Gall et des autres stars françaises qui ont fait la pluie et le beau temps dans la Francophonie il y a quelques décennies.

L'histoire du film est celle de Guy Jamet (Alex Lutz), un chanteur très connu des années 60 à 90. Maintenant septuagénaire, il fait un retour sur disque et sur scène avec ses tubes et une compilation de reprises. Mais avant de partir en tournée, il rencontre un jeune journaliste, Gauthier (Tom Dingler), qui veut faire un documentaire sur lui. Or, le but secret de Gauthier est de se rapprocher de ce chanteur populaire qui, vient-il de découvrir, serait son père biologique.

L'intelligence de ce film réside dans le fait qu'au lieu de bâtir l'histoire sur une découverte mutuelle entre le père et le fils, le réalisateur (et acteur) laisse aller les choses. Gauthier ne révèle pas à Guy qu'il est son père. Il laisse tourner librement sa caméra et le découvre au même rythme que le spectateur dans la salle. Il pose quelques questions de temps à autre, ce qui fait émerger la vraie nature de son sujet.

Ce faisant, Alex Lutz évite de tomber dans le piège du lyrisme, de la guimauve, des sentiments exacerbés, de la connexion filiale à tout prix. Et ce faisant, le personnage de Guy est bien plus authentique que s'il avait été placé devant le fait accompli et obligé de prendre position face à ce rôle de père qui lui tombe dessus.

Avec pour résultat que le personnage de Guy est un être macho, aux répliques parfois mordantes, capable d'exécuter verbalement les autres (vrais) chanteurs - Claude François en prend pour son rhume! Pourtant, il est un très mauvais compositeur. Les paroles de ses chansons sont d'une insignifiance consommée!

Enfin, il est capable de se laisser aller à des élans du coeur et de susciter quelques frissons, comme lorsqu'il fait une interprétation de Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois.

Force du scénario

Tout cela est bien beau, rendu avec beaucoup de naturel. Comme on a ici affaire à un docufiction, certains personnages jouent leur propre rôle. Par exemple, Guy se retrouve sur le plateau de Michel Drucker.

Le film est émaillé de quelques flash-back rigolos où l'on retrouve un Guy beaucoup plus jeune, accompagné de quelques chanteuses à la mode.

S'il y a un bémol dans le film, c'est que l'histoire donne envie d'essayer, bien inutilement, de faire un rapprochement entre Guy Jamet et une des réelles vedettes de l'époque.

Fait avec peu de moyens, ce long métrage s'appuie sur la force de son scénario et sur le jeu des comédiens. Si Guy était une chanson, ce ne serait pas un «ver d'oreille».

* * * 1/2

Guy. Comédie dramatique de Alex Lutz. Avec Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot. 1 h 41.

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Photo fournie par MK2 | MILE END 

Guy