Dans un monde imaginaire où, de génération en génération, des descendants de samouraïs ont toujours adulé les chats, un maire véreux réagit à une épidémie de grippe canine en nettoyant les rues de Megasaki de toute trace de chien. Une île-déchetterie devient le nouvel habitat naturel de ces pauvres bêtes, affamées, maltraitées et laissées à elles-mêmes

Défiant l'édit municipal, le jeune Atari vole littéralement au secours de son fidèle compagnon Spots et découvre, grâce au concours d'une bande de mâles alpha canins et de journalistes élèves du secondaire, que tout ne tourne pas rond au bureau du maire (qui est par ailleurs son oncle).

Isle of Dogs met en scène quantité de personnages secondaires forts. Le plus énigmatique est Chief, chef de bande et intrépide bâtard, méfiant des humains. « Je mords », dit-il, tour à tour défiant et penaud. (Au nombre des fantaisies de ce film de Wes Anderson, se trouvent des chiens qui parlent l'anglais et des humains qui parlent le japonais et sont rarement traduits.)

Sans être aussi comique et absurde que The Royal Tenenbaums, ni aussi abouti que The Grand Budapest Hotel, Isle of Dogs - un hommage au cinéma d'Akira Kurosawa - est un régal visuel. On ne s'étonne pas que le film ait valu à Wes Anderson l'Ours d'argent de la mise en scène au Festival de Berlin, qu'il ouvrait le mois dernier. Sa direction artistique est sublime, variant entre différentes techniques d'animation, pour autant de plans rivalisant d'audace et d'originalité.

Ce neuvième long métrage de Wes Anderson en deux décennies n'est pas qu'un bel objet cinématographique. C'est aussi une fable animalière tantôt grinçante, tantôt attendrissante, sur la condition humaine (et canine) contemporaine. Avec son humour finement ironique, le cinéaste d'origine texane se moque des travers de l'époque : de la rectitude politique à la corruption institutionnalisée en passant par les effets de meute et les qu'en-dira-t-on. Et il ne rate pas sa cible.

En version française (L'île aux chiens), le 13 avril.

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Isle of Dogs. Film d'animation de Wes Anderson. Avec les voix de Bryan Cranston, Ed Norton, Frances McDormand, Tilda Swinton, Jeff Goldblum, Greta Gerwig, Bill Murray et Yoko Ono. 1 h 41.

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