Synopsis: Dans une ville assiégée de Syrie, une famille s'enferme dans un appartement perdu au milieu des tirs de tireurs embusqués et des bombardements. En l'absence du père, la mère protège son foyer du danger de la guerre qui fait rage. Résolue à rester chez elle, malgré le pire.

Rarement un film nous aura fait autant ressentir l'enfer de la guerre... sans nous la montrer. Avec Une famille syrienne, Philippe Van Leeuw signe un huis clos terriblement efficace sur le quotidien «ordinaire» de gens qui vivent l'horreur et le chaos de la guerre civile.

Alors que les actualités montrent sans cesse des images de conflits pleines de cadavres, de ruines et d'explosions, ce long métrage bouleversant raconte la guerre par le trou de la serrure de cette famille comme les autres. On plonge dans leur intimité. On les observe vaquer à leurs tâches domestiques, à essayer de vivre, de s'aimer et d'espérer...

Dès le premier plan, le décor est planté. La caméra scrute chaque recoin d'un appartement confortable. Le récit épouse la règle des trois unités théâtrales: d'action, de lieu et de temps; 24 intenses heures, de l'aube à l'aube.

La réalisation est sobre. Le film repose sur un scénario bien ficelé. Le réalisateur belge installe le climat terrifiant avec le travail sur le son qui amplifie la menace extérieure. «La bande sonore éclaire le hors-champ, les rafales, les explosions qu'on ne verra jamais», pour reprendre ses mots.

Il y a des accents bergmaniens dans la psychologie des personnages. La comédienne libanaise Diamand Bou Abboud - la voisine venue se réfugier chez la famille avec son bébé - fait penser à une jeune Liv Ullmann. L'actrice israélo-palestienne Hiam Abbass, sublime, incarne cette mère courage avec des traits d'héroïne grecque. Il faut souligner le jeu très juste de tous les acteurs arabes (le film a été tourné à Beyrouth).

Une famille syrienne possède une chose rare en notre époque (au cinéma et ailleurs) où l'on juge les étrangers tous azimuts et où l'on compte les réfugiés par quotas: de l'empathie.

De l'empathie pour ce que subissent ces victimes de la guerre au jour le jour; pour la population civile qui lutte dans l'ombre et avec, pour seule arme, le dur désir de ne pas sombrer dans le gouffre de la peur et la mort. Pour conserver un soupçon d'humanité. 

À voir absolument!

En version originale arabe avec sous-titres français (Une famille syrienne) ou anglais (Insyriated)

Une famille syrienne. Drame de Philippe Van Leeuw. Avec Hiam Abbass, Diamand Bou Abboud, Juliette Navis. 1h25.



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image fournie par MK2/Mile End 

Une famille syrienne