L'artiste chinois Ai Weiwei a transporté sa caméra (et son iPhone) dans 23 pays qui connaissent des afflux massifs de réfugiés.

Première réalisation du célèbre artiste chinois Ai Weiwei, le documentaire Human Flow, présenté en compétition officielle à Venise, pose le regard sur un phénomène criant et tragique, celui de millions de personnes forcées de se déplacer ou de vivre dans des camps sur la planète. Leur nombre n'a jamais été aussi élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : plus de 65 millions. Et les raisons pour lesquelles ces êtres humains fuient leur pays sont très loin de disparaître : guerres, famines, persécutions, pauvreté extrême, changements climatiques. 

Human Flow porte bien son nom, puisque Weiwei, dans son documentaire-fleuve de plus de deux heures, ne fait qu'illustrer cette réalité dans de nombreux pays, sans ligne directrice (c'est le défaut et la qualité du film), montrant ainsi une importante portion de l'humanité en mouvement forcé, qui vit comme des citoyens de seconde zone, sinon comme des non-citoyens, à la merci des passeurs, des policiers, des murs et de conditions dégradantes - des générations d'enfants partout grandissent ainsi sans avoir accès à l'éducation.

Le tout est ponctué de très courtes entrevues, qui ne vont malheureusement pas plus en profondeur qu'un topo télévisé, de témoignages qui se ressemblent tous dans le désespoir, de l'Irak au Mexique, de l'Afghanistan à Gaza, du Kenya à la Grèce ou l'Italie. 

On émerge de ce documentaire plus conscient de ce problème mondial (et de notre chance), mais aussi avec un énorme sentiment d'impuissance. Pouvoir se poser quelque part, et simplement vivre, n'est-ce pas ce à quoi tout être humain devrait avoir droit ? De moins en moins, on dirait.

Documentaire

Human Flow

Ai Weiwei

2 h 20

3 étoiles

image fournie par Amazon Studios

Human Flow