Après la projection de cette comédie conjuguée au féminin, il émane une forte impression de déjà-vu. Un peu comme si le studio Sony avait utilisé un gros mélangeur dans lequel il aurait mixé plein d'éléments connus pour tenter de tirer un film original.

Un peu de Bridesmaids par-ci, beaucoup de The Hangover par-là, un soupçon de Weekend at Bernie's en cours de route et, surtout, un point de départ qui rappelle furieusement le tout premier film de Peter Berg, Very Bad Things. Dans cette comédie noire, qui remonte à une vingtaine d'années ou presque, la mort d'une prostituée, embauchée à l'occasion d'un «enterrement de vie de garçon», a «cassé le party» de façon spectaculaire.

Dans Rough Night, les genres sont inversés, mais la prémisse est exactement la même. Cela dit, la réalisatrice Lucia Aniello, qui signe ici son premier long métrage après avoir fait sa marque grâce à la série Broad City (produite par la chaîne Comedy Central), emprunte un ton résolument plus léger.

Ainsi, quatre amies de collège se retrouvent dix ans après leurs années folles afin de faire la fête à Miami pendant tout un week-end, avant que l'une d'entre elles, Jesse (Scarlett Johansson) ne convole en justes noces avec Peter (Paul W. Downs, qui cosigne aussi le scénario avec la réalisatrice).

Même si elle reste sur sa réserve au départ, Jesse, qui fait campagne pour tenter d'être élue au Sénat des États-Unis, se laisse rapidement tenter par un retour nostalgique aux excès d'antan avec les copines. On ne compte plus les lignes de coke, ni les verres, ni les tentations. Pendant que la bande masculine du fiancé, bien sage, se livre à une soirée formelle de dégustation de grands vins, où l'exercice le plus excitant constitue à trouver le bon qualificatif pour décrire l'odeur du précieux nectar, la bande de filles s'éclate. Et tombe rapidement «dans le trouble». Sans rien divulgâcher, même si l'événement survient très tôt dans l'histoire, disons que l'inévitable stripteaseur ne sortira pas du luxueux appartement de South Beach, prêté pour l'occasion par un généreux donateur de la campagne de Jesse, tout à fait dans le même état qu'il y est entré...

Rien de transcendant

Dans ce genre de film, dont le déroulement est hyper prévisible, tout réside dans l'exécution. Sur ce plan, la réalisatrice Aniello ne transcende rien. En revanche, les actrices choisies pour évoquer ce «shower de l'enfer» parviennent à donner du punch à des gags dont le niveau, honnêtement, n'est pas toujours à la hauteur des ambitions.

Il fait en outre bon de voir Scarlett Johansson faire une incursion dans un genre qui lui est peu habituel. 

Jillian Bell, qui incarne la meilleure amie célibataire un peu trop possessive, tire le meilleur d'un personnage qui relève du cliché. Ilana Glazer, en militante lesbienne gauchiste, a quant à elle hérité d'un rôle mal dessiné. Il aurait aussi été souhaitable que les auteurs tirent avantage du personnage que campe Zoë Kravitz. Cette dernière joue en effet l'ancienne amoureuse de la copine militante et se retrouve aujourd'hui coincée dans une bataille juridique pour la garde de son fils avec le mari qu'elle a délaissé il y a six mois. Elle est aussi convoitée par le couple «ouvert» de voisins que forment Ty Burrell et Demi Moore. Cela dit, Kate McKinnon, qui a connu une année royale à Saturday Night Live, se sauve une fois de plus avec les honneurs en se glissant dans la peau d'une copine australienne avec qui Jesse a fait un temps ses études.

Grâce à elle, et à ses partenaires aussi, Rough Night comporte des moments amusants. Ce divertissement léger, agréable, mais éminemment oubliable, ne passera cependant pas à l'histoire.

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Rough Night (V.F.: Dure soirée). Comédie de Lucia Aniello. Avec Scarlett Johansson, Jillian Bell, Kate McKinnon. 1 h 41.

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image fournie par Sony Pictures