Tom Cruise dans Mission: Impossible, on aime. Tom Cruise dans Edge of Tomorrow, on aime aussi. Bref, Tom Cruise faisant ce qu'il sait/peut faire, on apprécie. Le problème avec The Mummy d'Alex Kurtzman (People Like Us), c'est que l'acteur de Top Gun ne parvient pas à trouver ses marques dans cette partition confuse, mêlant comédie et action.

Et ce n'est peut-être même pas sa faute, car il n'est pas le seul problème du fourre-tout qu'est ce reboot qui fera se retourner Boris Karloff et Christopher Lee dans leurs sarcophages.

Fourre-tout parce qu'on a l'impression d'assister à un défilement des «bonnes idées» des première, deuxième, dixième versions du scénario, lancées en vrac et sans logique. Or quiconque aime le genre sait que la crédibilité de ces univers qui dévient de la réalité dépend de leur logique. 

Dans un cas aussi flagrant de n'importe quoi, on se tourne vers l'équipe et, en général, on trouve des réponses. Le scénario de The Mummy a été écrit par David Koepp, Christopher McQuarrie et Dylan Kussman à partir d'une histoire de Jon Spaihts, Alex Kurtzman et Jenny Lumet. Nous sommes là en présence d'un beau cas de «beaucoup trop de têtes».

Pour en revenir à Tom Cruise, il incarne Nick Morton, un ancien soldat qui donne à présent dans la recherche et la vente (sous le manteau) d'artéfacts archéologiques.

En compagnie d'une chercheuse en bonne et due forme, il découvre accidentellement la tombe d'Ahmanet, princesse égyptienne qui, des millénaires plus tôt, a tué son pharaon de père, sa jeune épouse et leur enfant nouveau-né pour s'assurer de prendre le pouvoir. Sauf qu'après avoir livré son âme au méchant dieu Set, elle a été capturée et «momifiée» vivante. Ouch.

Autant d'informations laborieusement livrées en voix hors champ par Russell Crowe - qui, lui, incarne... tada! Dr. Jekyll (donc, par la bande, Mr. Hyde).

N'est pas Indiana qui veut

Bref, Ahmanet n'est pas vraiment morte et, aujourd'hui, elle a décidé que Nick était le possible réceptacle humain de Set. Sauf que Nick n'est pas consentant.

Tom Cruise livre ici sa version d'Indiana Jones. Le hic: il n'a ni la nonchalance, ni le charisme, ni la « coolitude » d'un Harrison Ford. Son jeu est tellement forcé et plat (merci aux répliques, de la même eau) qu'on finit par s'ennuyer de Brendan Fraser - en vedette dans la trilogie précédente (1999-2008).

Il faut dire que ce dernier avait face à lui, dans les deux premiers volets, la formidable Rachel Weisz. Le pauvre Tom fait face à Annabelle Wallis, «révélée» dans le navrant film d'horreur Annabelle (ça ne s'invente pas), bien jolie, mais bien terne et à peine expressive.

Avec sa beauté atypique et ses aptitudes athlétiques, Sofia Boutella en Ahmanet, momifiée ou pas, tire par contre son épingle du jeu. 

Elle est, avec les effets spéciaux bien sûr spectaculaires, le point positif du long métrage. Et ce, même si son échange final avec Tom Cruise ne fait pas que frôler le ridicule, mais s'y enfonce jusqu'au cou.

En cours de route, des affrontements sans queue ni tête et sans logique (on y revient).

Mais on s'entend: il y a eu et il y aura pires films que The Mummy.

Si cet échec est à ce point irritant, c'est que, sur papier, son point de départ était plus que prometteur. Après un Dracula Untold que tout le monde a décidé d'oublier, ce film serait le volet inaugural du Dark Universe dans lequel Universal compte rapatrier les Frankenstein (Javier Bardem), Homme invisible (Johnny Depp) et autres monstres classiques, avec, pour fil conducteur, le Dr. Jekyll/Mr. Hyde de Russell Crowe.

Bonne idée, donc. Et puis, cette insupportable (et paresseuse) croyance: faites mousser un concept auprès du bon peuple, puis remplissez-le de n'importe quoi, il n'y verra que du feu. Ce mépris est inacceptable.

* * 

The Mummy (V.F.: La momie). Drame fantastique d'Alex Kurtzman. Avec Tom Cruise, Sofia Boutella, Annabelle Wallis, Russell Crowe. 1h50.

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Image fournie par Universal

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