Oui, la campagne publicitaire insistante, calquée en tous points sur celles qu'orchestrent les bonzes hollywoodiens pour imposer leurs superproductions, peut susciter l'irritation. Tout autant que cette volonté de plus en plus nette qu'a l'industrie du cinéma québécois, comme partout ailleurs dans le monde, de s'appuyer essentiellement sur des valeurs sûres pour tenter d'attirer de nouveau le public dans les salles. L'an dernier, le modèle d'affaires a fonctionné avec Les 3 p'tits cochons 2; beaucoup moins avec Nitro Rush.

Mais au-delà de ces facteurs, il reste que la suite du plus grand succès populaire de l'histoire du cinéma québécois est de fort belle tenue. Et devrait combler les attentes de ceux qui, il y a maintenant 11 ans, ont apprécié cette comédie policière qui adapte à la sauce canadienne la formule du buddy movie.

La réussite ne tient pas tant à la nature du récit, truffé parfois de clichés inhérents au genre (des engins explosifs munis d'un compte à rebours, vraiment ?), que dans le ton d'un film où les dialogues ont quand même beaucoup de punch. Quant à l'intrigue, on saluera un revirement plutôt inattendu, lequel prend le revers d'un courant idéologique qui se répand un peu partout en Occident, particulièrement aux États-Unis.

Si le premier opus misait beaucoup sur la rivalité Ontario-Québec, et la profonde incompréhension qu'elle engendre de part et d'autre des deux solitudes, Bon Cop, Bad Cop 2 étend maintenant sa compétence jusqu'au pays de Donald Trump. 

Martin Ward (Colm Feore) et David Bouchard (Patrick Huard), qui refont équipe à la faveur d'une enquête dirigée par la Gendarmerie royale du Canada, doivent maintenant composer avec les autorités américaines, notamment le Federal Bureau of Investigation. Les dirigeants d'un réseau de trafiquants de bagnoles volées, établi à Montréal, préparent en effet un coup spectaculaire dans plusieurs grandes villes américaines.

Huard dans son élément

Même s'il défie parfois les lois de la logique, le récit reste assez solide pour soutenir l'intérêt sans sombrer dans le ridicule. Il comporte aussi sa bonne part de scènes d'action, bien tournées, et maintient le tout sur un bon rythme. Patrick Huard, qui a signé seul le scénario, est visiblement dans son élément. Il possède le sens du timing requis pour insérer adroitement les clins d'oeil et les répliques assassines sans que rien n'y paraisse. Face à lui, Colm Feore apporte à son personnage son flegme naturel, sur lequel a toutefois déteint, malgré des années de distance, la personnalité de son partenaire québécois. Signalons aussi la présence de deux recrues: Marc Beaupré (le fameux Marc Arcand de Série noire) crève l'écran dans le rôle du bras droit d'un chef mafieux et Mariana Mazza amène sa fougue habituelle dans un personnage de crack d'informatique à la langue bien pendue. 

Alain DesRochers (GerryNitro Rush), qui prend ici le relais d'Érik Canuel, met son savoir-faire au service de l'histoire avec efficacité, sans trop faire d'esbroufe. Le récit aurait sans doute gagné à être resserré un peu, mais l'ensemble demeure pour le moins divertissant. Anick Jean propose par ailleurs une excellente partition musicale, dont l'esprit colle parfaitement au film. 

Bien entendu, on ne parle pas ici de grand cinéma à la Melville, à la Audiard ou à la Scorsese. Mais dans le créneau qu'il occupe, soit celui qu'a revigoré Lethal Weapon il y a 30 ans, Bon Cop, Bad Cop 2 « fait la job ». Et surclasse même son prédécesseur.

* * * 1/2

Bon Cop, Bad Cop 2. Comédie policière d'Alain DesRochers. Avec Patrick Huard, Colm Feore, Marc Beaupré. 2h11.

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