L'histoire: Médecin dans une ville de Transylvanie, Romeo rêve que sa fille Eliza réussisse son bac et obtienne ainsi une bourse pour quitter la Roumanie et aller étudier à Londres. Un matin, il laisse l'adolescente à proximité du collège et va retrouver sa jeune maîtresse. Eliza se fait alors agresser. À partir de là, ses résultats scolaires sont en chute libre. Et Romeo s'ouvre à tous les «compromis» pour qu'elle réussisse.

Sans être aussi percutant que 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Palme d'or à Cannes en 2007), Baccalauréat (Prix de la mise en scène l'an dernier, toujours à Cannes, ex aequo avec Personal Shopper) de Cristian Mungiu est un conte moral exigeant, jamais aimable, toujours dur. Et extrêmement pertinent.

Un conte sur la lâcheté ordinaire, dont le point de départ interpellera tout parent. Jusqu'où est-il possible d'aller pour le bien de notre enfant? Et ce «bien», jusqu'à quel point est-il vraiment celui de l'enfant en non le reflet de l'ambition d'un parent?

Baccalauréat, c'est aussi un portrait de la Roumanie post-Ceauşescu. Une mise en images d'un pays rongé par le trafic d'influence et les abus du pouvoir, présentés sous des dehors bien intentionnés (!) de «services».

Pour Eliza (Maria Drăguş, que l'on a découverte dans Le ruban blanc de Michael Haneke), mais aussi parce qu'il est, imagine-t-on, rongé par la culpabilité, Romeo (Adrian Titieni) se retrouve donc prisonnier d'une infernale spirale de donnant-donnant.

L'engrenage est implacable, bien servi par les longs plans-séquences du réalisateur et le jeu très réaliste des acteurs. L'angoisse s'installe insidieusement, se fait bientôt étouffante. Et si la démonstration est un peu longue, elle demeure très troublante.

Le film est présenté en version originale sous-titrée en français ou en anglais.

*** 1/2 

Baccalauréat. Drame de Cristian Mungiu. Avec Adrian Titieni, Maria Drăguş, Lia Bugnar. 2 h 08.

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image fournie par A-Z Films