Dans le modèle hollywoodien, plusieurs suites ne sont produites que dans le but de faire résonner les tiroirs-caisses de prévisible façon. D'autres, plus rares, viennent vraiment ajouter - et parfois même enrichir - une oeuvre déjà existante. The Godfather II est probablement l'exemple le plus éloquent. Plus près de nous, Les invasions barbares, assurément.

L'histoire nous dira si T2 Trainspotting s'inscrira de la même façon que le film original dans l'imaginaire collectif mondial, mais le fait est que ce nouvel opus, planté 20 ans plus tard, a de quoi réjouir les admirateurs. D'abord, tous les créateurs d'origine ont repris du service, de l'auteur Irvine Welsh jusqu'au cinéaste Danny Boyle en passant par le scénariste John Hodge.

De surcroît, T2 Trainspotting peut s'offrir le luxe - parce que c'en est un - de retrouver exactement les mêmes acteurs, 20 ans plus tard. Le récit gagne ainsi immédiatement en crédibilité. Et, d'une certaine façon, en émotion. Pas de maquillages vieillissants ni de bourrures artificielles ou d'effets trompeurs. Aussi, Boyle ne fait aucun compromis pour «internationaliser» son film, ni sur le plan de l'esprit, résolument écossais, ni au chapitre de la langue. À cet égard, il convient de prévenir les spectateurs peu exercés à l'accent du pays de Sean Connery de peut-être attendre la version sous-titrée en français, laquelle nous arrivera la semaine prochaine.

Au moment de reprendre l'histoire, Mark (Ewan McGregor) court sur un tapis d'exercice plutôt que dans les rues d'Édimbourg. Il est de retour dans sa ville natale après un exil de plusieurs années, provoqué notamment par sa fuite imprévue avec le butin d'une transaction de drogue qu'il aurait en principe dû partager avec ses acolytes. Dire que ces derniers sont heureux de revoir celui qui les a trahis il y a deux décennies serait mentir.

Ils sont maintenant quadragénaires, «touristes de leur propre jeunesse», mais aucun des «ferrovipathes» ne s'est d'ailleurs «rangé». Spud (Ewen Bremner), toujours junkie, en veut maintenant à Mark d'avoir inopinément interrompu son plan suicidaire. Sick Boy, qui se fait maintenant appeler par son prénom Simon (Jonny Lee Miller), est devenu dealer, et Begbie (Robert Carlyle), qui a croupi en prison pendant plusieurs années, est toujours aussi enragé.



Même énergie, nouvelle gravité

Les admirateurs du film original retrouveront ici la même approche, très énergique, de Danny Boyle. Sans trop abuser du procédé, le réalisateur de Steve Jobs lance de multiples clins d'oeil, tant sur le plan narratif que musical. Vingt ans plus tard, le monologue Choose Life empruntera ainsi une autre dimension. Le cinéaste va même jusqu'à intégrer une scène tirée du premier film, provoquant du même coup un effet de miroir qui, dans les circonstances, est assez saisissant. L'humour noir est encore très présent, mais il se dégage néanmoins de l'ensemble une gravité nouvelle, l'insouciance de la jeunesse étant envolée depuis longtemps.

Le récit s'essouffle quelque peu dans le dernier tiers, mais il reste que dans l'ensemble, cette suite est fort bien réussie.

***1/2

T2 Trainspotting (V.F.: Ferrovipathes 2). Comédie de moeurs de Danny Boyle. Avec Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle. 1h57.

Pour l'instant, T2 Trainspotting est présenté en version originale et en version doublée française. Une version sous-titrée en français prendra l'affiche le 31 mars au Cinéma du Parc à Montréal, ainsi qu'au cinéma Le Clap à Québec.

Consultez l'horaire du film

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

T2 Trainspotting