L'histoire: Au début du XIXe siècle, une jeune fille sortie du couvent est appelée à devenir épouse et mère. Mais les espoirs d'une belle vie qui animaient Jeanne se transforment peu à peu en une série de drames et désillusions alimentés par les travers des hommes qui l'entourent. Une adaptation du premier roman de Guy de Maupassant.

Aujourd'hui sont remis les Césars du cinéma français, où ce film est en lice pour deux prix: meilleure interprétation féminine (Judith Chemla) et meilleurs costumes (Madeleine Fontaine). C'est mince pour une oeuvre qui nous a, littéralement, soufflé.

Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, La loi du marché) propose ici un long métrage qui se démarque par sa direction artistique à la fois dépouillée et éclatante, sa photographie (format 1,33:1) lumineuse et surannée et, surtout, un sens de l'ellipse époustouflant.

Il en fallait, remarquez, pour condenser une vie complète en deux heures. C'est sans doute pour ça que si peu de cinéastes ont adapté cette oeuvre de Maupassant. Stéphane Brizé le fait avec brio. Il insère au bon moment des sauts dans le temps qui permettent de parfaitement suivre l'histoire. Parfois, il lui suffit de quelques secondes pour tout expliquer.

L'interprétation est à l'avenant avec une Judith Chemla tout en retenue et un Jean-Pierre Darroussin méconnaissable. Les dialogues sont forts, notamment lorsque Jeanne et un prêtre débattent de vérité, mensonge et silence.

De plus, l'auteur insère plusieurs séquences où les forces de la nature font parfois écho, parfois un pied de nez outrancier aux sentiments intérieurs et situations des personnages.

Jamais descente aux enfers ne nous a paru si somptueuse. En dépit de ce drame qui se dénoue sous nos yeux, on passe un excellent, et surtout un vrai, moment de cinéma.

* * * 1/2

Une vie. Drame de Stéphane Brizé. Avec Judith Chemla, Swann Arlaud, Jean-Pierre Darroussin. 1h59.

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Image fournie par Diaphana