S'il provoque un léger malaise parce que les événements qu'il relate sont proches en temps et en distance, et si la note patriotique y est jouée un peu fort en fin de parcours (mais on peut comprendre pourquoi), Patriots Day de Peter Berg s'avère un long métrage respectueux de ceux dont le nom est inscrit sur cette page d'histoire et un très bel hommage à une ville qui a refusé de courber l'échine. Ce, sans passer à côté de la tension, du suspense et, naturellement, de l'émotion.

Le jour des Patriotes dont il est question ici est celui d'avril 2013, quand le double attentat commis à l'arrivée du marathon de Boston par les frères Tsarnaev a fait 3 morts et 264 blessés.

Dans ce contexte, ce fier enfant de Boston qu'est Mark Wahlberg refait équipe, pour une troisième fois, avec Peter Berg. Ensemble, ils reprennent la façon qui les a si bien servis dans Lone Survivor et Deepwater Horizon. Une première demi-heure qui présente les protagonistes, suivie du drame, puis de ses répercussions.

Nous sommes, au départ, en compagnie de ceux dont la vie va prendre une nouvelle direction dans les heures à venir: un jeune couple (Christopher O'Shea et Rachel Brosnahan), un étudiant chinois (Jimmy O. Yang), quelques représentants des forces de l'ordre, dont Tommy Saunders - composite de plusieurs des policiers qui se sont retrouvés sur le terrain et qu'incarne un Mark Wahlberg très juste -, Djokhar et Tamerlan Tsarnaev, dont on suit les préparatifs - Alex Wolff et Themo Melikidze sont glaçants sans être caricaturaux dans ces partitions.

Tension

Une fois les gens et les lieux placés, le drame est enclenché. On en sait les grandes lignes, mais, comme dans ses films précédents, Peter Berg parvient à créer de la tension et du suspense dans le connu. Les bombes, quand elles explosent, prennent le spectateur par surprise.

La panique et le désordre qui suivent sont filmés caméra à l'épaule et de façon à capter la terreur, la douleur, l'émotion, sans tomber dans le voyeurisme ni la complaisance.

L'utilisation d'images d'archives a été faite de façon efficace, pertinente, naturelle. Et ici comme partout dans le long métrage, outre la chorégraphie orchestrée par le réalisateur, la trame sonore de Trent Reznor et Atticus Ross, brillante, participe à placer le public «dans» le moment. À voir. À (res)sentir.

Pendant l'heure et demie qui suit, le scénario s'attarde sur l'identification des terroristes et sur la traque qui mènera à la mort de l'un, à l'arrestation de l'autre. Aux commandes, des forces policières censées s'épauler, mais qui joueront un peu du coude avant que chacun ne trouve sa place sur cet échiquier. Kevin Bacon en agent du FBI et John Goodman en commissaire de la police bostonienne sont particulièrement convaincants dans leurs échanges.

Mais leur performance, bien qu'excellente, est éclipsée dans le dernier acte, lorsque J.K. Simmons entre en jeu: il vole chaque scène où il apparaît, dans la peau du sergent de police de Watertown. C'est là, dans cette ville du Grand Boston, que se déroulent les derniers moments de la traque.

Là aussi, la tension est palpable à l'écran et se communique à la salle.

Patriots Day aurait pu être un film catastrophe sur le mode de la peinture à numéros. Mais le tandem Berg-Wahlberg ne tombe pas dans ce piège-là, misant plutôt sur une distribution solide et sur un scénario qui fait de la ville, Boston, et de sa population de véritables héros.

* * * 1/2

Patriots Day (V.F.: Le jour des Patriotes). Drame biographique de Peter Berg. Avec Mark Wahlberg, John Goodman, J.K. Simmons et Kevin Bacon. 2h13.

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Image fournie par Lionsgate

Patriots Day