Il y a eu les rumeurs, et elles étaient inquiétantes. Le scénario avait été très remanié, des scènes avaient dû être retournées. Planant au-dessus de tout, le spectre de l'Empire, celui de Disney, qui, mené par le seul désir d'engranger des dollars, presserait le citron.

Impossible de se prononcer sur ce dernier point, mais une chose est sûre: Rogue One de Gareth Edwards, qui prendra l'affiche vendredi, n'est pas le Star Wars de trop, mais le meilleur des Star Wars.

Cette incursion dans une galaxie lointaine, très lointaine, est moins directement destinée aux enfants que celles auxquelles on a été habitués jusqu'ici. Parce que ce film de science-fiction est un film de guerre.

Par rapport aux précédents, il est plus sombre en récit, plus rugueux en ton, plus réaliste en affrontements. Ses personnages, comme ses situations, comportent pas mal de zones grises. Tout n'y est pas noir ou blanc. Les touches d'humour, juste assez nombreuses, y sont d'autant plus les bienvenues. C'est la signature de Gareth Edwards, qui l'avait déjà appliquée à son Godzilla.

Rogue One en met aussi plein la vue. Ce film est beau. Les planètes que l'on visite présentent une diversité incroyable de paysages. Les combats sont hyperréalistes, terribles en impact, en chorégraphies et en genres.

Pourtant, et c'est là le tour de force, cette «histoire de Star Wars» portée par une trame sonore de Michael Giacchino qui fait écho à celle, mythique, de John Williams, réussit à rester dans le même univers... tout en étant différente. Ce que ne faisait pas le rassurant quoiqu'excellent The Force Awakens, grosso modo une variation, 38 ans plus tard, sur A New Hope.

«Hope.» Espoir. «Rebellions are built on hope.» Les rébellions sont bâties sur l'espoir. Ces mots sont entendus à quelques reprises dans le long métrage. Ils font le pont entre le film de Gareth Edwards et celui de George Lucas. Car Rogue One, plus - et mieux - que le spin-off annoncé, est un prequel à la trilogie composée par les épisodes IV, V et VI. Son action se déroule tout juste avant les événements survenus dans le film qui a lancé la franchise en 1977.

Détruire l'Étoile

On connaît la trame principale du récit - un commando de l'Alliance rebelle essaie de voler les plans de l'Étoile noire qu'est en train de construire l'Empire à des fins de terreur - et on n'en dira pas plus. Parce qu'une partie du plaisir vient de la découverte de l'aventure et des clins d'oeil pertinents faits à ce qui suit chronologiquement, mais que l'on connaît par coeur.

L'apparition-surprise de certains personnages familiers en ravira plus d'un.

Pour ce qui est des nouveaux venus, on s'y attache rapidement. Que ce soit Jyn Erso (Felicity Jones), jeune rebelle dont l'Empire a ravi les parents, Cassian Andor (Diego Luna), ex-militaire devenu espion dont le passé est jalonné de pages sombres, le pilote de cargo Bodhi Rook (formidable Riz Ahmed) ou encore Chirrut Îmwe (Donnie Yen), le moine aveugle qui croit en la Force presque oubliée de tous, et son ami Baze Malbus (Jiang Wen), force de la nature et maître d'armes, etc.

Et, Star Wars n'étant pas Star Wars sans robot, entrée de K-2SO, interprété par Alan Tudyk dans une excellente performance en capture de mouvements. Il est drôle, il est incisif, il est parfaitement imparfait. Il est craquant.

Les origines de ces rebelles sont diverses, ils ont des passés extrêmement différents, portent des valeurs qui complètent ou heurtent celles des autres. Ceux qui les interprètent sont à l'avenant: la distribution compte des accents et des couleurs venant de partout. C'est aussi beau et remarquable que c'est naturel.

Enfin, les méchants. Ben Mendelsohn est glaçant d'ambition et d'arrivisme en Director Krennic. Mais, bon, il «disparaît» lorsqu'apparaît l'homme en noir. Darth Vader. On le sait, on l'a vu dans les bandes-annonces: il est présent. On pourrait penser que ce n'est pas là une surprise. Erreur. On le voit ici comme on ne l'a jamais vu.

Bref, on a seulement envie de souffler «Encore!» lorsque s'amorce le générique.

Rogue One: A Star Wars Story (Rogue One - Une histoire de Star Wars) prendra l'affiche le 16 décembre.

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Rogue One: A Star Wars Story (V.F.: Rogue One - Une histoire de Star Wars). Film de science-fiction de Gareth Edwards. Avec Felicity Jones, Diego Luna, Alan Tudyk, Riz Ahmed. 2h13.

Photo fournie par Lucasfilm Ltd.