Prenez l'univers de Steven Spielberg, à l'époque de Close Encounters of the Third Kind, avec, en supplément, un soupçon de poésie visuelle à la Terrence Malick. Ajoutez dans l'histoire un lien intime et personnel, un peu à la façon d'Interstellar (Christopher Nolan), et vous obtenez Arrival, l'emballant nouveau film de Denis Villeneuve.

Magnifié par la très belle trame musicale de Jóhann Jóhannsson, qui colore l'atmosphère sans se faire trop insistante, le récit impose d'emblée son caractère anxiogène quand une douzaine de vaisseaux similaires - tous de forme ovoïde - se posent sur différents endroits sur Terre. Le matériau de ces engins étant inconnu, une équipe d'experts est dépêchée sur les lieux afin de tenter de prendre contact. Qui sait si, peut-être, des êtres venus d'ailleurs s'y trouvent? C'est d'ailleurs grâce à une experte linguiste (Amy Adams) que la première approche pourra s'établir. Un scientifique mathématicien (Jeremy Renner) sera aussi mis à contribution.

Sans jamais tomber dans l'excès, Denis Villeneuve orchestre un vrai suspense en maintenant un climat de tension optimale.

On retiendra notamment cette scène pendant laquelle plusieurs spécialistes pénètrent par le bas à l'intérieur du vaisseau afin d'explorer les lieux. Et, peut-être, aller plus haut.

On ne peut guère en révéler davantage sur ce plan. On peut toutefois affirmer qu'en portant à l'écran ce scénario qu'Eric Heisserer a tiré du roman de Ted Chiang Story of Your Life, Denis Villeneuve met sa grande maîtrise - il est vraiment au sommet de son art - au service d'une histoire qui s'inscrit parfaitement dans l'air du temps, en évoquant notamment notre rapport aux «autres».

On pourra en effet voir dans ce récit une métaphore de l'état d'esprit dans lequel se trouvent les Terriens à notre époque. Et les profondes différences qui les divisent quand ils doivent faire face à une menace collective, réelle ou fictive.

Des questions fondamentales

Mais au-delà de tout ce jeu géopolitique mondial, il y a le parcours d'une femme. Et son rapport à la maternité. À cet égard, le film ramène le spectateur aux questions fondamentales de l'existence. Amy Adams livre ici une performance remarquable, à la fois sobre, juste et émouvante.

On ne s'étonnera guère qu'Arrival n'ait strictement rien à voir avec la kyrielle de films catastrophes hollywoodiens dans lesquels des extraterrestres belliqueux détruisent tout sur leur passage afin de provoquer des frissons bon marché. Ici, c'est tout le contraire. D'autant que la façon dont les extraterrestres se révèlent capte véritablement l'imagination.

Entièrement tourné au Québec, notamment à Saint-Fabien-sur-Mer, dans le Bas-Saint-Laurent, ce film de haut calibre impressionne sur le plan visuel et technique. On peut ici souligner le travail du directeur photo Bradford Young, qui oeuvre avec le cinéaste québécois pour la première fois, sans oublier celui du directeur artistique Patrick Vermette. Arrival marquera pourtant davantage les esprits grâce à l'impact émotionnel qu'il provoque.

Et aussi parce qu'il confirme, comme si besoin était, la place de Denis Villeneuve parmi les meilleurs cinéastes contemporains.

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Arrival (V.F. : L'arrivée). Film de science-fiction de Denis Villeneuve. Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg. 1h56.

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Image fournie par Paramount Pictures