Prenez tous les clichés imaginables d'un film d'action classique, ajoutez une icône hollywoodienne vieillissante qui persiste à jouer les surhommes et saupoudrez le tout d'un budget d'environ 100 millions: vous obtiendrez Jack Reacher: Never Go Back, la suite du premier opus, sorti en 2012.

Réalisé par Christopher McQuarrie, le film original avait pourtant été bien reçu par la critique, qui avait apprécié l'adaptation d'un des polars de la série de Lee Child et le travail de Tom Cruise dans son rôle d'ex-super-militaire-loup-solitaire-aux-méthodes-peu-orthodoxes.

Mais comme Grease, Blair Witch Project et Dirty Dancing n'ont pas le monopole des suites poches, ce nouveau Reacher réalisé par Edward Zwick (qui avait dirigé Cruise dans The Last Samourai) donne tout son sens à l'expression «étirer la sauce».

L'action nous happe toutefois dès le départ, avec Tom Cruise qui tabasse facilement quatre malabars pour collaborer à une enquête. Certes, Reacher n'est plus officiellement un super policier militaire, mais vous savez ce que c'est: on peut sortir un gars de la police militaire, mais jamais la police militaire du gars.

Ce qui n'empêche pas Reacher d'être un électron libre, de longer les autoroutes, poussé par le vent, au gré des saisons.

Mais les choses tournent au vinaigre lorsqu'il se rend tout bonnement à son ancienne base militaire pour dîner avec le major Susan Turner (Cobie Smulders), une collègue groupie fortement impressionnée par sa réputation.

Reacher apprend que l'officier a été arrêté pour espionnage et qu'il est lui-même soupçonné de meurtre. Il apprend même l'existence d'une enfant (Danika Yarosh), une fille 15 ans qui paraît plus vieille que son âge (elle a aujourd'hui 18 ans). Tout le contraire de Tom Cruise, censé incarner à 54 ans un personnage à l'aube de la quarantaine.

Hélas, tous les effets spéciaux de la planète et les pectoraux d'acier ne dupent personne.

Saluons néanmoins l'effort. Jack Reacher se lance dans des poursuites, saute d'un toit à l'autre, frappe, tombe, grimpe, tire et prend même un peu de temps pour essayer de bâtir quelque chose avec sa présumée fille adolescente et une relation amoureuse.

Habitué de travailler seul, il aura besoin d'aide pour mettre à jour les sombres activités d'une société paramilitaire, sur fond de complot et de trafic illicite.

Il aura notamment constamment sur les talons un tueur froid et calculateur (Patrick Heusinger), qui s'est donné comme mission sur terre de liquider Jack Reacher.

Bref, tout ça aurait pu être bon, mais en 1998. Les cinéphiles ont vu mille fois ce scénario truffé de répliques plaquées. Comme cette fois où le major Turner lance : « T'es comme un animal sauvage, t'as leur odeur dans le nez et tu veux juste que leur sang se répande » à un Jack Reacher déterminé à aller au fond des choses.

Et encore ces tirades élogieuses au sujet du héros trop fort pour la ligue, digne de l'époque Chuck Norris. « Je veux savoir ce que ce gars mange au déjeuner, comment il prend ses oeufs et je veux le savoir hier ! »

Avec ce Jason Bourne des pauvres, seul le nom de Tom Cruise justifie une sortie sur grand écran. Le remplacer par Dolph Lundren, Jean-Claude Van Damme ou Steven Seagal l'aurait envoyé le temps de crier « scientologie ! » sur les rayons du club vidéo local.

Meilleure chance la prochaine fois.

* 1/2

Jack Reacher : Never Go Back (V.F.: Jack Reacher - Sans retour). Film d'action d'Edward Zwick. Avec Tom Cruise, Cobie Smulder, Danika Yarosh. 2h10.

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Image fournie par Paramount Pictures

Jack Reacher: Never Go Back