Ils sont de plus en plus nombreux, les acteurs qui passent derrière la caméra. L'exercice nous réserve parfois d'agréables surprises, comme la plupart des longs métrages de George Clooney ou encore le récent The Gift de Joel Edgerton. D'autres le font à leurs risques et périls, comme l'ont appris Ryan Gosling ou Russell Crowe. Natalie Portman entre plutôt dans cette dernière catégorie de film ambitieux pas assez maîtrisé avec A Tale of Love and Darkness. C'est à moitié réussi.

Le problème avec ce genre de projet, c'est que la vedette résiste rarement à l'envie de se mettre en scène. Portman aurait eu avantage à se consacrer à la réalisation, d'autant qu'elle a parfois de belles idées de mise en scène et des cadrages originaux. Elle aurait peut-être réussi à empêcher son film de sombrer dans les ténèbres avec son personnage principal féminin...

A Tale of Love and Darkness est inspiré du récit autobiographique d'Amos Oz alors qu'il assiste, enfant, à la naissance d'Israël. Plutôt qu'une fresque ambitieuse sur cette période agitée qui suit la Seconde Guerre mondiale, le récit de Portman se concentre sur le microcosme familial composé d'Amos (Amir Tessler), de son père érudit (Gilad Kahana) et, surtout, de sa mère rêveuse (Portman).

Ce faisant, son film est trop centré sur l'optique juive. Les Palestiniens sont à peine des figurants... Portman n'a pas à présenter un point de vue objectif, mais elle ne peut occulter l'autre côté de la médaille sous prétexte que ce n'est pas son propos.

À travers les yeux d'Amos, nous assistons plutôt à la longue chute de sa mère d'origine polonaise qui fantasme sur ce nouveau pays. Or, les débuts chaotiques d'Israël et ses conflits armés vont plutôt confronter l'idéaliste à la dure réalité et l'entraîner dans la dépression.

La réalisatrice peint une reconstitution d'époque évocatrice, mais elle a tendance à surcharger son tableau en ajoutant des extraits d'archives et des images actuelles d'Amos Oz, et surtout en abusant d'un symbolisme lourd. 

Les ténèbres finissent par être omniprésentes, surtout avec un visuel grisâtre.

La relation fusionnelle que la mère entretient avec son fils introverti ne nous émeut guère, alors que Portman avait en main tous les éléments pour en faire un récit poignant. On comprend que la réalisatrice ait voulu transcender son évocation de la cellule familiale et de cette femme qui rêve de s'affranchir pour présenter un point de vue plus global. Mais elle n'y arrive pas.

Il y a dans A Tale of Love and Darkness, malgré son rythme lent, de fugaces moments de beauté, surtout lors des récits de la mère à son fils, qui sont autant de fenêtres ouvertes pour assainir l'atmosphère déprimante du long métrage dans lequel Portman se complaît un peu trop.

Il ne s'agit pas d'un échec cuisant pour la célèbre actrice (Black Swan, les épisodes I, II et III de Star Wars). Plutôt d'un film à moitié réussi. La réalisatrice saura peut-être en tirer des leçons si elle répète l'expérience.

* * 1/2

A Tale of Love and Darkness est présenté en hébreu avec sous-titres anglais et français.

A Tale of Love and Darkness (V.F.: Une histoire d'amour et de ténèbres). Drame de Natalie Portman. Avec Natalie Portman, Gilad Kahana, Amir Tessler. 1h35.

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Image fournie par Les Films Séville