La différence entre Batman v Superman: Dawn of Justice et Suicide Squad, c'est que l'on attendait peu du film de Zack Snyder, alors que les attentes pour le long métrage de David Ayer étaient phénoménales.

La déception face à ce troisième volet du «DC Comics Extended Universe» qui s'est ouvert avec Man of Steel est d'autant plus grande.

Brièvement, Superman étant (officiellement) mort, le monde a besoin d'être protégé et, pour cela, Amanda Waller (Viola Davis, menaçante de sobriété), agente du renseignement américain, décide de former un groupe composé de «super-vilains», de les mettre sous la supervision du colonel Rick Flag (Joel Kinnaman, efficace et convaincant) et de les envoyer au front dans des missions jugées suicidaires. Par exemple, affronter une déesse venue du passé et aux visées cataclysmiques pour l'humanité.

Oui, Margot Robbie, comme le laissaient présager les bandes-annonces, est formidable en Harley Quinn. Elle vole la vedette dans chacune des scènes où elle apparaît... et elle apparaît souvent. Contrairement au Joker de Jared Leto, dont la présence est beaucoup moins importante qu'on aurait pu le croire. Et, malgré ses efforts et son talent, l'acteur ne parvient pas à faire oublier les incarnations précédentes du personnage - entre autres celle, plus sombre, tourmentée et inquiétante de Heath Ledger.

Quant au ton du film, il se cherche sans se trouver. On imaginait celui de Deadpool poussé plus loin dans le dysfonctionnel ou celui de Guardians of the Galaxy décliné pour les adultes.

Suicide Squad, à l'arrivée, n'est jamais vraiment drôle et est bien moins irrévérencieux qu'on ne l'aurait cru. 

Le facteur fun, spécialité Marvel, n'est pas là. Et l'aspect surréaliste, fantasque, fou et furieux du film n'est tout simplement pas assez solide pour tenir l'ensemble.

Trop de personnages

D'abord, il y a trop de personnages. Tout le monde n'est pas Joss Whedon, qui a si bien jonglé avec les Avengers quand il les a réunis pour la première fois. David Ayer n'a pu en faire autant. Manque d'expérience? Il nous a précédemment donné les intenses, mais intimes Fury et End of Watch  - où il avait pu se pencher sur les protagonistes et les creuser. Supervision (!) trop serrée? Il avait, probablement, à regarder par-dessus son épaule, un producteur exécutif appelé... Zack Snyder - lequel, on le sait, s'intéresse plus à la forme qu'au fond, au contenant qu'au contenu.

On reconnaît sa patte ici - pour le pire et le meilleur. Le meilleur étant ses scènes d'ouverture. On se souvient de celle de Watchmen, sur The Times They Are a-Changin' de Bob Dylan. De celle de Sucker Punch, sur Sweet Dreams de Eurythmics. Celle de Suicide Squad se déploie sur House of the Rising Sun. À voir ainsi les personnages éclore sous nos yeux, on se prend à rêver que l'on va assister à un grand film.

Erreur. On arrive ici à l'histoire. Elle est faible. Vraiment. On sort de ce chaos avec l'impression d'avoir assisté à une interminable scène d'action. Ce qui est le cas. Avec, ici et là, comme un rappel d'humanité. Allez, Will-Smith-en-Deadshot, parle-nous de ton amour pour ta fille! Allez, Jay-Hernandez-en-El-Diablo, pleure ta vie en narrant ton passé!

Ajoutons à cela une menace d'ampleur apocalyptique - tente-t-on de nous faire croire - qui fait plus rire que trembler: The Enchantress, incarnée par Cara Delevingne pour qui il sera difficile de faire pire dans sa carrière.

Sauf qu'il y a Margot Robbie. Il y a la scène d'ouverture. Il y a les chansons, véritables hymnes de la culture populaire, qui ponctuent le récit (on oublie par contre la trame sonore pompière de Steven Price). Il y a certains «moments». Et il y a la scène de mi-générique - qui ravive un peu un intérêt maintenant tiède pour Justice League.

* * 1/2

Suicide Squad (V.F.: L'escadron suicide). Film d'action de David Ayer. Avec Will Smith, Margot Robbie, Joel Kinnaman, Viola Davis. 2h10.

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Image fournie par Warner Bros.

Suicide Squad