Pas si mal, ai-je d'abord pensé en sortant de la Cinémathèque, où on présentait aux médias Les 3 p'tits cochons 2, suite du succès estival de 2007 qui avait fait chanter les caisses enregistreuses.

On ne réinvente pas la roue, mais cette comédie - sans prétention - reste dans l'esprit du film original. Plusieurs blagues font mouche et les pitreries des personnages font rire, souvent un peu jaune.

Mais voilà, en quittant la salle, le wannabe critique du septième art que je suis s'est frotté à une dure réalité du milieu: entendre des collègues écorcher durement le film de Jean-François Pouliot.

Quand ça arrive, tu te dis que le fait de considérer Die Hard comme le plus grand chef-d'oeuvre cinématographique de tous les temps en dit peut-être long sur ton jugement cinématographique.

Mais bon, tant qu'à être payé pour critiquer, critiquons.

L'action du film reprend donc cinq ans après le premier. Pour ceux qui l'ont raté, le thème de l'infidélité était au coeur du long métrage réalisé par Patrick Huard. On y suivait les tribulations de trois frères (Paul Doucet, Guillaume Lemay-Thivierge et Claude Legault), tour à tour tourmentés par les démons de l'adultère. Le film finissait bien. Tout le monde avait sauté la clôture et remis sa vie en question sans trop de dégâts.

Le grand méchant loup de la tentation frappe donc de nouveau à la porte des p'tits cochons, dont le naturel semble être revenu au galop aussi vite qu'un film d'Adam Sandler aux Razzie Awards.

Rémi (Paul Doucet), le richissime cochon aîné, est toujours avec sa femme Dominique (efficace Sophie Prégent), même si ses deux frères l'avaient pris en flagrant délit de «frenchage» de voisin à la fin du premier film, dévoilant du coup que sous ses apparences de premier de classe se cache - classique - le plus volage des trois.

Christian (Guillaume Lemay-Thivierge), le cadet, se comporte encore comme un « adulescent » irresponsable et passe toujours autant de temps en bedaine que dans le premier film. Oui, mesdames et messieurs, il est cut, cut, cut.

Quant à l'enfant-sandwich Mathieu (Patrice Robitaille, qui remplace Claude Legault sans que ça gosse trop, finalement), il partage toujours sa vie avec Geneviève (Isabel Richer) et ses deux filles, après avoir survécu à une aventure malsaine qui a failli tout bousiller.

Bon, d'entrée de jeu, l'élément qui lance les hostilités n'est pas clair. Rémi se fait pogner les culottes à terre en Chine par sa femme, qui lui montre une série de photos compromettantes. L'histoire ne dit pas comment elle a obtenu ces photos, mais qu'importe!

À partir de là, tout s'enchaîne. Rémi se fait foutre à la porte. Mathieu vit une panne sexuelle avec sa blonde avant de tomber du toit pour se retrouver dans le plâtre et Christian - sans domicile et en chest - va s'installer dans la cabane à jardin de la maison cossue de Rémi, où son ex, Dominique, vit désormais seule.

L'embauche d'une Ginette (délicieuse Francine Ruel) pour venir nettoyer et s'occuper de Mathieu à la maison donne lieu à quelques scènes cocasses.

Pendant ce temps, Christian tombe follement amoureux de la sexy Dominique et Rémi en pince pour un jeune Samaritain qui a volé à son secours lors d'un malaise en pleine rue. 

Ajoutez à tout ça la jalousie d'un Mathieu hautement paranoïaque, convaincu que le cadet fornique avec sa femme. Des soupçons à ranger dans la catégorie «C'mon!!», qui en feront soupirer plus d'un.

Bref, du marivaudage pur jus (un amant caché dans le placard...), mais aussi une volonté d'explorer une fois encore le «tabou» de l'homosexualité.

On retient sinon que la quête de l'amour l'emporte sur celle du cul dans cette seconde mouture, comme quoi les p'tits cochons ont (un peu) gagné en maturité. 

Soulignons aussi le jeu des femmes du film, Sophie Prégent et Isabel Richer, qui ajoutent du tonus à une histoire qui ressemble un peu trop par moments à un épisode ordinaire de Sex and the City

Patrice Robitaille se retrouve quant à lui dans sa zone de confort de grand flanc mou un peu castré.

Et que dire du personnage de Rémi, qui se proclame «pansexuel» pour justifier son attirance envers des individus, peu importe leur sexe. 

L'idée aurait pu être intéressante, si on ne venait pas de passer les dernières semaines à se demander collectivement kosséça, être queer

Parions néanmoins que les gens vont se précipiter pour voir ce film estival, qui aspire sans doute plus à divertir qu'à faire réfléchir.

Et puis, évidemment, on ne peut pas produire des chefs-d'oeuvre comme Die Hard tous les ans.

* * 1/2

Les 3 p'tits cochons 2. Comédie de Jean-François Pouliot. Avec Patrice Robitaille, Paul Doucet et Guillaume Lemay-Thivierge. 1h42.

Consultez l'horaire du film

Image fournie par Les Films Séville

Affiche du film Les 3 p’tits cochons 2