Dans La tête haute, Catherine Deneuve incarne une juge au tribunal des mineurs. C'est dire que la magistrate voit passer dans son bureau des cas lourds au coeur desquels se trouvent des enfants. 

Dans La tête haute, Catherine Deneuve incarne une juge au tribunal des mineurs. C'est dire que la magistrate voit passer dans son bureau des cas lourds au coeur desquels se trouvent des enfants. 

Délinquance, violences physiques et morales, bref, défilent devant elle les petites et grandes horreurs liées aux vies poquées de ces êtres mal nés, à qui personne n'a fait de cadeau. Certains d'entre eux sont récupérables, d'autres non.

Le récit s'attarde de façon plus précise au cas de Malony (Rod Paradot, une révélation), un garçon en colère que la juge suit depuis la petite enfance. Avec ses crises, ses moments d'apaisement, ses rechutes. Ballotté entre pensionnats et centres d'accueil, Malony garde quand même toujours contact avec sa mère, une femme trop jeune, trop immature, trop pauvre, trop démunie (Sara Forestier, quasi méconnaissable).

Emmanuelle Bercot, la réalisatrice, emprunte ici une démarche similaire à celle de Polisse, un film qu'elle avait coécrit avec Maïwenn (qui en signait la réalisation). 

Cette plongée dans le monde désespérant du désamour est en effet parsemée de moments très forts, mais on sent parfois une volonté trop affichée de tirer le récit vers la lumière coûte que coûte. 

Le titre évoque d'ailleurs le long chemin que parcourra le jeune homme avant d'atteindre l'âge adulte sans jamais plus baisser les yeux. Or, cette façon d'insister sur ce genre de happy end jure un peu dans ce contexte très réaliste.

UN LIEN TANGIBLE

L'un des aspects les plus intéressants du récit réside assurément dans le lien tangible qui se crée entre la juge et le garçon. Même s'il est parfois pris d'éruptions incontrôlables de colère et de révolte, Malony sent instinctivement que la relation la plus stable et la plus solide est celle qu'il entretient avec celle qui le suit et le protège depuis l'âge de 6 ans. Et qui le fera jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de la majorité.

Aussi devient-il difficile d'intégrer dans l'entourage de l'adolescent de nouvelles personnes-ressources qui ne feront que passer. Cela dit, l'éducateur chargé du cas de Malony, qui a lui aussi ses zones d'ombre et un passé tumultueux, sera peut-être à même de mieux comprendre. Grâce à sa performance, Benoît Magimel a d'ailleurs obtenu le César du meilleur acteur dans un second rôle.

Il est vrai que ce film, qui avait ouvert le Festival de Cannes l'an dernier, est aussi bien servi par ses acteurs. Dans Elle s'en va, Emmanuelle Bercot était parvenue à « réinventer » Catherine Deneuve grâce à un personnage plus inattendu. Dans le rôle de la juge, l'icône du cinéma français se lance une fois de plus dans une composition inédite, de laquelle elle se tire avec les honneurs. Quant au jeune Rod Paradot, lauréat du César du meilleur jeune espoir masculin, il impose une présence remarquable.

La tête haute ***. D'Emmanuelle Bercot. Avec Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier. 1 h 59.

IMAGE FOURNIE PAR LES FILMS DU KIOSQUE

La tête haute

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Benoît Magimel et Rod Paradot