La destruction massive des villes et l'accumulation de victimes collatérales dans les récents films de superhéros ont donné et donnent encore matière à sourciller. Et à poser des questions «sérieuses».

Dans la réalité. Et dans leur réalité. Ces surhommes (et quelques femmes) ne causeraient-ils pas plus de dégâts qu'ils n'en empêchent? Ne devraient-ils pas être tenus responsables des conséquences de leurs actions ? Est-il normal qu'ils agissent ainsi, impunément et en toute liberté?

Bref, ne faudrait-il pas leur mettre une bride au cou?

Questions «sérieuses» à défaut d'être nouvelles. Elles sont au coeur de Watchmen que Zack Snyder a réalisé à partir du comic book culte d'Alan Moore et Dave Gibbons. Le même Snyder a tenté de les (ré)aborder dans le récent Batman v Superman. Jusqu'au formidable film d'animation The Incredibles de Brad Bird qui en traite.

Eh bien, les voici qui entrent de plain-pied dans le Marvel Cinematic Universe grâce à Captain America: Civil War des très talentueux frères Anthony et Joe Russo - qui nous ont donné l'une des pièces les plus réussies (sinon la plus réussie) de ce monumental casse-tête, Captain America: The Winter Soldier.

Ainsi, après qu'une bavure de taille ait provoqué la mort de plusieurs personnes innocentes à Lagos, au Nigeria, les Avengers s'attirent les foudres des gouvernements du monde entier. Qui en arrivent à un accord selon lequel le groupe de superhéros sera dorénavant sous la juridiction de l'ONU. Et les principaux concernés n'ont pas le choix: ils doivent signer l'entente en question.

Paradoxalement, Captain America (Chris Evans), le soldat dont le compas moral est le devoir avec un grand D, n'accepte pas telle ingérence gouvernementale; alors que Tony Stark/Iron Man (Robert Downey Jr.), le flamboyant et narcissique homme d'affaires, est en faveur de cette intrusion.

Et les Avengers de perdre leur (belle) cohésion.

Divisés!

Dans le camp de Cap.: Winter Soldier (Sebastian Stan), Falcon (Anthony Mackie), Scarlet Witch (Elizabeth Olsen), Hawkeye (Jeremy Renner) et Ant-Man (Paul Rudd). Dans celui de l'homme de fer: Black Widow (Scarlett Johansson), Vision (Paul Bettany), War Machine (Don Cheadle) et deux «nouveaux venus», Black Panther (Chadwick Boseman) et Spider-Man (Tom Holland).

L'entrée de ces deux derniers est non seulement remarquable, mais très prometteuse - celle de l'alter ego de Peter Parker en particulier: comme celle d'Ant-Man, sa présence est un peu plaquée à l'ensemble, mais toutes deux sont bienvenues à plus d'un titre, ne serait-ce que pour la couche d'humour qu'elles y ajoutent.

Voilà, la situation est campée et les deux camps vont s'affronter. De façon spectaculaire, on l'imagine. Mais de là à appeler ça une guerre civile, «come on»!

Oui, la confrontation dans l'aéroport, en fin de parcours, en met plein la vue. Mais les frangins sont à leur meilleur dans les poursuites motorisées et les combats en espace limité... comme un ascenseur (ce qui a donné lieu à deux des moments les plus haletants de The Winter Soldier).

Par contre, comme dans leur opus précédent, ils extirpent le plus souvent possible les héros de leurs uniformes, nous rappelant ainsi qu'ils sont humains (genre). Très bon point. Même si, dans ce contexte familier, il est difficile de croire que celui-ci ou celle-là soit véritablement en danger.

À noter que la barre «scénaristique» a été redressée depuis Age of Ultron: si le film de Joss Whedon semblait s'oublier pour poser les jalons des chapitres suivants, Civil War utilise bien ce qui a été installé précédemment.

Enfin, oui, il faut rester pour le générique final. Deux scènes supplémentaires s'y trouvent. L'une, assez rapidement. L'autre, à la toute fin. Importantes? Ha! Qui patientera en jugera.

* * * 1/2

FILM DE SUPERHÉROS. Captain America: Civil War. D'Anthony et de Joe Russo. Avec Chris Evans, Robert Downey Jr., Sebastian Stan et Scarlett Johansson. 2h26.

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