Ce n'est pas tous les jours qu'un documentaire québécois est présenté en salle. Celui d'Érik Cimon, Montréal New Wave, a toutes les raisons du monde de s'y retrouver. Présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois en février dernier, le film prend l'affiche aujourd'hui dans quelques salles de la province. Ceux qui ont connu les années 80 ou ceux qui auraient aimé les vivre auront un énorme plaisir à (re)voir et entendre les protagonistes de cette merveilleuse époque. Nostalgie et sourires sont au programme.

Dans les années 70, le Québec vit une période de ferveur nationaliste à laquelle le référendum de 1980 met abruptement fin. Plusieurs Québécois, dont des artistes de la scène musicale, ont alors envie de faire les choses autrement. Cela met fin à une période folk, mais crée une formidable période d'exploration musicale et artistique.

Le public assiste alors à la naissance de Men Without Hats, Rational Youth, La La La Human Steps, Michel Lemieux, American Devices, Trans-X, Boys du Severe et beaucoup d'autres. Ces groupes et ces artistes passent d'une langue à l'autre, adoptent le synthétiseur et rivalisent d'originalité dans leur look pour charmer un public qui a moins de frontières.

C'est aussi une période faste pour les lieux (galeries d'art et bars) qui offrent des performances artistiques. Des images du film nous montrent Louise Mercille et Monty Cantsin en action. 

Ces extraits témoignent de l'audace et du désir de provocation qui ont marqué les années 80.

Cette décennie est finalement une merveilleuse période pour les bars: le Cargo, le Beat, le Business et le Glace sont les endroits où «il faut être et être vu». Qui dit nightlife dit mode. Une véritable révolution a lieu de ce côté avec des looks néo-romantiques provenant du Château, ainsi que des boutiques Scandale (Georges Lévesque) ou Parachute.

Ce documentaire donne la parole à des témoins clés de cette époque exubérante et androgyne. On y présente autant la scène underground (Cham-Pang, Térapi, etc.) que celle qui a rejoint le grand public (Pied de poule, Soupir, Belgazou).

Ces idoles ont bien sûr pris de la bouteille aujourd'hui, mais leurs propos demeurent suaves et pertinents. Jean-Luc Bonspiel, alias Kiki Bonbon, ancien membre des Boys du Severe, dit à un moment: «C'était un temps qui insufflait de l'espoir, qui nous remplissait l'anus de fumée glorieuse.»

Cinq ans après avoir abordé la scène punk montréalaise dans son documentaire MTL Punk: la première vague, Érik Cimon embrasse celle de la période new wave avec le regard du documentariste qui a autant envie d'informer que de divertir. 

Son film est habilement construit et il a la qualité de bien cerner l'essence de cette période sans s'éparpiller, ce qu'il aurait été facile de faire.

L'immense party que furent les années 80 aura malheureusement une fin avec la menace du sida, une crise économique généralisée et la montée d'un certain conservatisme. On plongera alors dans la morne décennie des années 90. 

Peu importe, ce mouvement a laissé des traces et ouvert les esprits. Ce documentaire devient aujourd'hui une source d'inspiration pour retrouver cette folie créatrice perdue.

* * * 1/2

DOCUMENTAIRE. Montréal New Wave. D'Érik Cimon. 1h32.

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IMAGE FOURNIE PAR LES FILMS DU 3 MARS