Après l'ambitieuse fresque spatiotemporelle Cloud Atlas coréalisée avec les Wachowski, on se demandait bien dans quelle voie Tom Tykwer allait désormais s'aventurer. Allait-il retrouver la créativité de Run Lola Run? S'attaquer à un autre grand classique littéraire comme Le parfum?

Le réalisateur allemand s'est plutôt tourné vers le roman A Hologram for the King de l'Américain Dave Eggers, avec qui il avait déjà collaboré. Et a voulu retravailler avec le champion du box-office et du nombre de citations aux Oscars: Tom Hanks.

Cette histoire d'un homme ordinaire qui tente de trouver ses repères et de refaire sa vie lors d'un voyage d'affaires en Arabie saoudite n'aurait pu mieux convenir à l'inoubliable interprète de Forrest Gump. Celui-ci incarne mieux que quiconque le personnage de l'Américain moyen confronté à une situation hors de l'ordinaire.

Tom Hanks incarne cet Alan Clay, divorcé sans le sou venu tenter sa chance en Arabie saoudite. L'entreprise pour laquelle il travaille souhaite conclure une entente avec le gouvernement afin de commercialiser un système de rencontres virtuelles par hologrammes.

Parachuté dans une mégalopole inachevée en plein coeur du désert (les images tournées aux Émirats arabes unis et au Maroc sont splendides), sympathisant avec son chauffeur Yousef (Alexander Black) et avec la Dre Hakem (Sarita Choudhury), sa médecin qui ne le laisse pas indifférent, il tente de faire sa place dans ce monde culturellement différent. Profitera-t-il de cette seconde chance qui s'offre à lui?

En signant le scénario adapté, Tom Tykwer souhaitait conserver ce savant dosage entre comédie et drame. Si le cinéaste aborde de front des thématiques difficiles comme la dépression et la maladie, les moments d'humour sont également nombreux. À commencer par ces scènes opposant le duo Alan-Youssef lors de leurs virées en voiture. Personnifiant le sympathique Yousef, Alexander Black, sorte d'Adib Alkhalidey égyptien, vole la vedette. En revanche, Tykwer n'évite pas certains clichés propres aux traditions culturelles et religieuses, comme lors de cette ridicule scène de prière dans l'avion.

Reprenant son rôle de bougre au grand coeur, Tom Hanks fait du Tom Hanks et livre une prestation somme toute convenue. Lors d'une scène de sexe plutôt chaste, le malaise est même palpable. Ce registre ne lui convient guère. L'Indienne Sarita Choudhury (Homeland), qui a dû apprendre plusieurs répliques en arabe, interprète avec brio cette femme écartelée entre respect des traditions et soif de modernité, notamment lors d'une très jolie scène de baiser sous l'eau.

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A Hologram for the King (V.O.S.-T.F.: Un hologramme pour le roi). Comédie dramatique de Tom Tykwer. Avec Tom Hanks, Alexander Black et Sarita Choudhury. 1h37.

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PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE