Maïwenn a signé un coup de maître il y a cinq ans avec Polisse, un film qui, à l'instar de la série québécoise 19-2, s'intéressait à la vie de policiers. Pour son quatrième long métrage à titre de réalisatrice, elle explore un registre différent. Mon roi, dont les têtes d'affiche sont Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel, dissèque une liaison amoureuse pour le moins «intense», étalée sur 10 ans.

Comme un genre de Scènes de la vie conjugale hyper survolté, plein de bruit et de fureur. Cette autopsie d'un couple est parsemée de fulgurances, de moments de grâce parfois, mais aussi d'excès en tous genres, particulièrement sur le plan de l'interprétation. Autrement dit, le meilleur côtoie parfois le pire.

On suivra ainsi l'évolution d'une relation amoureuse passionnée à travers les souvenirs d'une femme qui, à la suite d'un accident de ski, doit passer quelques semaines dans un centre de rééducation. 

Depuis une décennie, la vie de Tony (Emmanuelle Bercot) est presque entièrement définie par l'homme qu'elle a épousé, un séducteur invétéré dont elle n'aurait jamais pu croire qu'il puisse un jour tomber amoureux d'une femme comme elle.

Un grand contraste

Le contraste entre les deux personnalités ne pourrait d'ailleurs être plus grand. Georgio (Vincent Cassel) est charmeur, enjôleur, confiant et coureur de jupons; elle est un peu beaucoup hésitante, sanguine, peu confiante et parfois hystérique. Ils ne peuvent se passer l'un de l'autre, mais ne peuvent vivre ensemble non plus. Leur parcours conjugal emprunte les allures d'une véritable randonnée en montagnes russes.

Maïwenn filme de façon fébrile la crise de cette femme en dépendance affective, dont la chute est annoncée dès le moment où elle s'éprend de ce mâle alpha. À lui seul, ce dernier regroupe d'ailleurs toutes les facettes de l'être masculin, dans toutes ses forces, ses faiblesses et ses lâchetés.

Vincent Cassel, immense, est parfait. Face à lui, Emmanuelle Bercot, réalisatrice de La tête haute (à l'affiche au Québec le 13 mai), force parfois trop la note. De sorte que le film nous émeut et nous énerve à la fois. On en sort même un peu épuisé. Et pas tout à fait convaincu.

Rappelons qu'au Festival de Cannes l'an dernier, Mon roi a valu à Emmanuelle Bercot le prix d'interprétation féminine (décerné ex aequo à Rooney Mara pour Carol). C'est à prendre. Ou à laisser.

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DRAME. Mon roi. De Maïwenn. Avec Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel. 2h04.

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PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE