Quelques jours après les attentats qui ont frappé Bruxelles en plein coeur et au beau milieu d'une situation conflictuelle en Turquie, difficile de trouver thème plus actuel que celui que propose Une histoire de fou, dernier film du Marseillais Robert Guédiguian, d'après les écrits autobiographiques de José Antonio Gurriarán.

Le réalisateur de Marius et Jeannette et Les neiges du Kilimandjaro délaisse ses chroniques marseillaises et ses acteurs fétiches Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin (mais renoue avec sa muse Ariane Ascaride) et s'attaque à un sujet plus personnel qui porte sur ses origines: le génocide arménien. Dans la continuité de Voyage en Arménie (2006), Guédiguian signe un scénario au ton éminemment personnel.

Le film s'ouvre avec un long prologue en noir et blanc magnifiquement photographié dans le Berlin de 1921. Taalat Pacha, qui a ordonné l'extermination des Arméniens, est abattu de sang-froid par Soghomon Thelirian, survivant du génocide. Un procès s'ensuit au cours duquel le tireur est déclaré innocent.

La problématique arménienne

Le cinéaste explique de façon très didactique (c'est voulu) comment les Arméniens ont été marqués par le génocide et de quelle façon la situation se perpétue de génération en génération. Soixante ans plus tard, Aram (Syrus Shahidi), jeune Marseillais d'origine arménienne, souhaite venger l'honneur de sa patrie.

Il rejoint les rangs de l'Armée de libération de l'Arménie, au grand dam de ses parents Anouch (Ariane Ascaride) et Hovannès (Simon Abkarian). Et participe à un attentat à la voiture piégée qui fait une victime collatérale: Gilles Tessier (Grégoire Leprince-Ringuet). Honteuse des événements, Anouch entrera en contact avec Gilles afin de lui demander pardon.

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Syrus Shahidi dans « Une histoire de fou».

Présenté hors compétition à Cannes en mai dernier, peu après le centenaire du génocide, Une histoire de fou aborde brillamment la problématique arménienne sous divers angles: la soif d'idéalisme d'un fils, la dictature et les égarements d'une armée de libération, le désir de rédemption d'une mère, la colère et les tentatives de compréhension d'une victime. 

Pendant 2 h 15 min qui filent comme l'éclair, Robert Guédiguian, qui a tourné à Marseille, en Arménie et à Beyrouth, se donne les moyens de ses ambitions.

Outre Grégoire Leprince-Ringuet dont le jeu sonne parfois faux, tous les acteurs livrent de magnifiques prestations, particulièrement Ariane Ascaride en mère courage dévastée par les agissements de son garçon et Syrus Shahidi en fils écartelé entre le bien et le mal.

Si son message tend à être parfois un peu trop appuyé, Robert Guédiguian prouve une fois de plus qu'il excelle à raconter des histoires simples qui touchent le coeur des spectateurs.

* * * 1/2

DRAME HISTORIQUE. Une histoire de fou. De Robert Guédiguian. Avec Simon Abkarian, Ariane Ascaride, Grégoire Leprince-Ringuet et Syrus Shahidi. 2h15.

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Une histoire de fou