Comment aborder le thème du suicide assisté sans tomber dans le drame larmoyant? C'est le pari que réussit le Suisse Lionel Baier dans son long métrage La vanité, en salle après un passage à Locarno, à Namur et au Festival du nouveau cinéma.

Le réalisateur d'Un autre homme, qui adapte un fait réel lui ayant été raconté par l'un de ses étudiants (il est responsable du département de cinéma à l'École cantonale d'art de Lausanne), dédramatise le sujet avec une légèreté assumée où la comédie n'est jamais bien loin. On est à mille lieues de Quelques heures de printemps et de La dernière leçon.

Atteint d'un cancer, David Miller (Patrick Lapp) - le même nom qu'un personnage de la précédente oeuvre Low Cost (Claude Jutra) - souhaite mettre fin à ses jours. Il débarque au Motel bois vert, qu'il a lui-même conçu au cours de sa florissante carrière d'architecte. Dans la chambre numéro 8, il patiente en attendant l'arrivée d'Esperanza (Carmen Maura), la préposée de l'association d'aide au suicide assisté, et de son fils qui refuse finalement d'être à ses côtés.

Comme la loi oblige la présence d'un témoin, David se tourne vers son voisin de chambre, Constantin Gavrilovitch Tréplev (Ivan Georgiev) - un nom emprunté à La mouette de Tchekhov - , un prostitué d'origine russe. Réussira-t-il à le convaincre?

Un presque parfait huis clos

Dès les premières minutes, on se croirait presque dans un épisode de Série noire ou même de Fargo avec la neige, le motel rétro, les personnages décalés.

D'ailleurs, les échanges savoureux entre les membres de ce trio improbable demeurent l'aspect le plus intéressant du film.

Très juste, Patrick Lapp (plus actif à la télé qu'au cinéma) fait souvent sourire avec son éternel cynisme. «La ligne de service après-vente ne doit pas déborder d'appels», lance-t-il à propos de l'association. Ivan Georgiev (dans son tout premier rôle au cinéma) et Carmen Maura (Les femmes du 6e étage) sont également fort convaincants.

Ce presque parfait huis clos, se déroulant quasi exclusivement dans la chambre numéro 8, a évidemment un côté (trop) théâtral. Lionel Baier parvient toutefois à laisser s'échapper la caméra (excellente direction photo) grâce aux flashbacks et aux photos d'archives relatant la construction du motel. On en ressort avec l'impression d'avoir visionné un bien curieux objet cinématographique, pas déplaisant du tout!

* * * 1/2

Comédie dramatique. La vanité. De Lionel Baier. Avec Patrick Lapp, Carmen Maura et Ivan Georgiev. 1h15.

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