Après avoir réalisé quatre jouets clinquants et bruyants, la série des Transformers, Michael Bay voulait tourner un «sujet adulte». Son 13 Hours montre, surtout, qu'il est sérieusement impliqué dans la campagne conservatrice cherchant à démontrer que les Américains sont menacés partout où ils se trouvent et que leur sécurité passe par les armes.

Véritable magasin de bonbons pour un membre de la National Rifle Association, le film fait défiler à l'écran, souvent en gros plan, une multitude de pistolets, armes automatiques, mortiers et autres bazookas. Le cinéaste nous refait même le coup de Pearl Harbor avec un obus, suivi de sa rampe de lancement jusqu'à son point d'impact.

Mais revenons aux faits. En septembre 2012, un camp diplomatique et une base secrète de la CIA sont pris d'assaut par des milices islamistes à Benghazi, en Libye. Six agents de la CIA, d'anciens militaires, et une poignée de Libyens repoussent les attaques, mais l'ambassadeur des États-Unis Chris Stevens et trois de ses compatriotes seront tués.

Cette reconstitution boursouflée à la testostérone des 13 heures d'horreur vécues par la bande des 6 courageux soldats n'éclaire cependant pas plus les lanternes sur ce qui a cloché en septembre 2012. Le film ajoute, en fait, à la confusion et donnera sans doute des munitions, à quelques mois de l'élection présidentielle, aux opposants d'Hillary Clinton, qui était en 2012 secrétaire d'État.

De nombreuses scènes dépeignent les civils comme de peureux et naïfs fonctionnaires, tandis que tous les militaires, à l'anti-intellectualisme primaire, ont le beau rôle.

Le cinéaste y ajoute un peu de guimauve lors de séquences où les bons soldats entrent en contact, par l'entremise de l'internet, avec femmes et enfants avant que n'éclate la violence à Benghazi.

Juvénile

De l'action et des explosions, il n'en manque pas. Des blagues adolescentes non plus. Michael Bay sait créer et maintenir le suspense. Il n'a jamais fait dans la nuance, toutefois.

Le traitement visuel différencié glorifie les corps des agents de la CIA, tous porteurs de fiers six packs, tandis que les méchants Libyens sont des ombres dans la nuit émergeant du brouillard.

La musique contribue au grand flattage de bedaine patriotique: émotive pour les scènes impliquant des Américains, inquiétante lorsqu'on sort de leur Fort Alamo protégé.

Enfin, les scènes de combat, d'une terrible efficacité, font penser à un jeu vidéo où le spectateur entre littéralement dans le viseur à infrarouge pour faire éclater la cervelle des terroristes. Effet cathartique recherché, n'est-ce pas, M. Bay?

Bref, ce film simpliste et trop long est une véritable entreprise de manipulation du spectateur de la part d'un Leni Riefenstahl des pauvres qui n'a, semble-t-il, pas encore atteint le zénith de son incompétence puisqu'il planche déjà sur son cinquième Transformers...

13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi prend l'affiche le 22 janvier.

* * 1/2

Drame d'action. 13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi. De Michael Bay. Avec James Badge Dale, John Krasinski, Max Martini et Toby Stephens. 2h24.

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Photo fournie par Paramount Pictures

13 Hours : The Secret Soldiers of Benghazi