Les personnages d'abord créés pour détourner l'esprit des contes de fées supplantent désormais leurs modèles sur le plan de la popularité. Alors que le troisième épisode des aventures du plus célèbre des ogres s'apprête à prendre l'affiche, la franchise prend de l'ampleur sous toutes ses formes.

Un total de 1,4 milliard de dollars de recettes au box-office et 90 millions de DVD vendus de par le vaste monde. Il est forcément question de chiffres quand vient le moment d'évoquer le succès universel des deux premiers longs métrages de la franchise Shrek. Alors que Shrek the Third (Shrek le troisième en version française) s'apprête à envahir les écrans nord-américains vendredi, on parle déjà d'une émission spéciale que diffusera la chaîne ABC pendant la saison des Fêtes (la même distribution sera au rendez-vous pour l'occasion), de même que d'une comédie musicale à Broadway l'an prochain.

«Ne comptez pas sur moi pour porter ce costume sur scène; il doit peser au moins 200 kg!» lance à la blague Mike Myers, signifiant par là qu'il n'est certainement pas question pour lui de camper sur scène le personnage à qui il prête sa voix dans les films.

Des projets sur la planche

C'est dire, en tout cas, que les projets ne manquent pas pour Shrek, sa bien aimée Fiona, et toute la cour qui les entoure, tant dans leur marécage que dans le royaume du Fort Fort Lointain.

Même si les artisans ne veulent rien confirmer pour l'instant car aucun contrat n'a encore été signé en ce sens, la sortie d'un quatrième long métrage serait déjà prévue en 2010. On plancherait aussi sur des projets plus spécifiques, construits autour de certains personnages, notamment l'irrésistible Puss in Boots (Le Chat Potté), le chaton à qui Antonio Banderas prête toute sa séduction vocale latine.

L'aventure attire les vedettes

Les vedettes se bousculent d'ailleurs au portillon pour faire partie de l'aventure. Aux vétérans Mike Myers, Cameron Diaz, Eddie Murphy, se sont en effet joints pour le numéro deux Julie Andrews, Antonio Banderas, John Cleese, Rupert Everett et Larry King. Le troisième opus bénéficie aussi de l'apport de Justin Timberlake, Eric Idle, Cheri Oteri, Amy Poehler, Maya Rudolph, Amy Sedaris, Ian McShane et Regis Philbin. Le réalisateur Chris Miller, qui a pris le relais d'Andrew Adamson (désormais assigné à la franchise Narnia), précise d'ailleurs que toutes ces stars ne font pas simplement que «prêter» leur voix.

«Leur apport est très grand car nous les encourageons à improviser pendant les séances d'enregistrement, expliquait-il la semaine dernière lors d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles. Pour les choisir, nous ne nous creusons pas trop la tête. On fait simplement appel à des gens talentueux avec qui il est possible de s'amuser. Jusqu'à maintenant, cela nous a plutôt bien réussi!»

Shrek a en tout cas fait sa marque avec son esprit satirique, de même qu'avec ses nombreuses références à la culture populaire. Miller prévient que cette approche a été quelque peu modifiée.

«C'est un parti pris que nous avons adopté. Une partie importante de notre travail consiste d'ailleurs à discuter avec les animateurs au moins pendant trois ou quatre heures tous les jours. Nous en sommes venus à la conclusion qu'il s'agissait de la meilleure approche à adopter pour ce nouvel opus. Quand nous butions sur un détail de l'histoire, nous nous référions alors toujours au conte de fées traditionnel évoqué dans le récit.»

Shrek the Third (Shrek le troisième en version française) prend l'affiche le 18 mai. Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.

Ce qu'ils en disent...

L'intrigue de Shrek le troisième s'articule autour de la succession au trône de Fort Fort Lontain. Le roi Harold étant gravement malade, les espoirs se portent ainsi sur le gendre Shrek. Or, l'ogre ne se sent pas du tout l'âme d'un souverain. Aussi décide-t-il de partir à la recherche d'un cousin quasi inconnu afin que ce dernier assume les destinées du royaume, au grand dam du Prince charmant, à qui la fonction, selon lui, revenait de droit...

Shrek

Interprète : Mike Myers

«Jamais je n'aurais pu penser que cette franchise prendrait une telle ampleur. Je me souviens encore du jour où Jeffrey Katzenberg m'a offert le rôle alors que nous assistions à la première de Saving Private Ryan. J'ai simplement dit OK, sans me douter où tout cela nous mènerait. En tout cas on s'amuse. Je prends d'autant plus de plaisir que Shrek est la seule chose à laquelle je ne participe pas sur le plan de l'écriture. Quand je travaille avec ces gens-là, j'ai affaire à de si grands professionnels que j'ai l'impression de suivre un cours accéléré en cinéma!»

Princesse Fiona

Interprète: Cameron Diaz

«Shrek occupe une place à part dans mon esprit. Je ne suis pas particulièrement attirée par la notion de franchise mais nous avons tellement de plaisir à travailler sur ces films que je me sens privilégiée. J'aime particulièrement le fait que les femmes prennent ici leur destin en main. À cet égard, l'esprit des contes de fées est ici détourné pour faire passer un message plus actuel. On ne doit attendre après personne pour se construire son bonheur. L'aspect pro-actif des filles est célébré dans cette histoire et je trouve cela formidable. Il s'agit aussi d'un message universel qui peut être appliqué à tous les milieux.»

Prince Charmant

Interprète : Rupert Everett

«C'est très stressant de jouer un blond! Plus sérieusement, je vois dans l'univers de Shrek une métaphore de Hollywood et du monde cupide dans lequel nous vivons. Prince Charmant est le produit de son éducation. Il a été gâté pourri et il estime que tout lui revient de droit. En un sens, il est la victime d'une société qui vénère la superficialité, le succès, la notoriété, le pouvoir. Sans en avoir l'air, ce film nous tend un miroir encore plus implacable que certains films dramatiques!»

Puss in Boots (Le Chat Potté)

Interprète : Antonio Banderas

«Quand j'enregistre mes sessions, j'essaie d'offrir le plus large éventail possible afin que le réalisateur puisse faire des choix. Puss a commencé à vraiment prendre vie le jour où j'ai essayé de lui donner une voix beaucoup plus grave que celle que devrait normalement avoir un personnage qui mesure à peine 25 centimètres! À partir de là, tout s'est mis en place.»

Doublé en France

Comme ce fut le cas pour les deux premiers volets, la version française de Shrek the Third qui prendra l'affiche au Québec vendredi a été réalisée en France. Même si la langue utilisée dans Shrek est plus «internationale» que celle entendue dans Madagascar (d'horrible mémoire), il reste que le studio Dreamworks semble encore avoir des réticences à faire doubler ses films d'animation chez nous. À part Alain Chabat, qui prête sa voix à Shrek, aucune vedette ne fait partie de la distribution des voix françaises.

Telle mère, telle. ogresse!

La princesse Fiona réserve cette fois une surprise à son ogre de mari. Au grand plaisir de sa mère, la reine Lillian, avec qui elle tissera des liens d'autant plus forts que la famille est éprouvée par la perte d'un être cher.

Princesse Fiona
Interprète: Cameron Diaz


«Shrek occupe une place à part dans mon esprit. Je ne suis pas particulièrement attirée par la notion de franchise mais nous avons tellement de plaisir à faire ça que je me sens privilégiée. J'aime particulièrement le fait que les femmes prennent ici leur destin en main. À cet égard, l'esprit des contes de fées est ici détourné pour faire passer un message plus actuel. On ne doit attendre après personne pour se construire son bonheur. L'aspect proactif des filles est célébré dans cette histoire et je trouve cela formidable. Il s'agit aussi d'un message universel qui peut être appliqué à tous les milieux.»

Reine Lillian
Interprète: Julie Andrews


«Si Shrek se rend à l'épisode 92 et qu'il y a encore un rôle pour moi, j'y serai! Je suis aussi heureuse de constater qu'on y lance aussi des clins d'oeil aux films musicaux. Je crois que tout est cyclique, particulièrement à Hollywood. Les comédies musicales ont retrouvé leur cote et j'en suis évidemment ravie. Cela dit, elles sont plus difficiles à concevoir aujourd'hui qu'autrefois. Pour qu'un personnage s'arrête et se lance dans une chanson, il doit désormais avoir une bonne raison, sinon, cela ne passe pas auprès du public. Mais quand c'est réussi, cela apporte vraiment du bonheur aux gens. C'est ce que fait aussi Shrek à mon avis.»

Princesses sans détresse

Oubliez l'image habituelle de la princesse triste et mélancolique. Les quatre interprètes choisies pour incarner les plus célèbres princesses du répertoire proviennent du monde de l'humour (trois d'entre elles sont des vedettes de Saturday Night Live) et ne s'en laissent guère imposer.

La Belle au bois dormant
Interprète: Cheri Oteri

«Pour me préparer au rôle, j'ai beaucoup dormi!»

Cendrillon
Interprète: Amy Sedaris

«Quand on m'a proposé le rôle, je me suis dit que le monde absurde qui trotte dans ma tête depuis toujours allait enfin prendre forme pour vrai!»

Blanche Neige
Interprète: Amy Poehler

«Je me suis amusée comme une folle à jouer une Blanche Neige des plus autoritaires. Pour garder l'énergie, je faisais des pompes dans le studio pendant mes sessions d'enregistrement!»

Rapunzel
Interprète: Maya Rudolph

«Une métaphore de Hollywood? Absolument. Avez-vous remarqué à quel point ils sont allés à l'encontre de nos images physiques pour distribuer les rôles?»