Les trois rois pourraient sortir tout droit de l'imagination d'un écrivain que l'on ne s'étonnerait pas. Il y a Paul Nabor, qui caresse sa guitare depuis 53 ans. Florencio Mess, qui joue de la harpe et fabrique des instruments à tout va. Wilfred Peters, enfin, qui parcourt le monde avec son accordéon et qui a même joué devant la reine d'Angleterre.

Ces trois hommes chérissent la vie comme la musique. La musique s'est imposée à eux, et ils partagent un quotidien parfois fait de solitude, de mélancolie ou de poésie. Tout simplement, ils ont appris et développé un don pour la musique, transmis par les anciennes générations.

C'est le hasard et la vie qui ont mené ces trois rois, qui ne se connaissent pas, à Katia Paradis. La documentariste partage sa vie entre le Québec et le Bélize. Elle est fascinée par Paul, qu'elle rencontre en 2000. Puis Florencio, et Wilfred, qui lui donne l'idée de ce documentaire.

Katia Paradis, pour son premier long métrage, les a suivis pendant quatre ans. Quatre années durant lesquelles les musiciens se sont habitués à sa présence, ainsi qu'à celle de la caméra. C'est une entrée en douceur dans la vie, la musique et les pensées vagabondes de ces musiciens.

La beauté poétique de Trois Rois repose en grande partie sur les personnages du film eux-mêmes. Les musiciens s'imposent par leur majestueuse simplicité, et par une vie qu'ils ont vécue chacun à leur manière, mais tous avec la même limpidité. Il faut les voir, jouer seuls, ou en famille. Il faut les voir sculpter leurs instruments. Il faut les voir, enfin, rayonner à l'évocation de souvenirs, ou de leur passion.

Le temps se suspend quelque peu au Bélize. Katia Paradis dresse quelques ponts entre la transmission de la musique et la mémoire, l'héritage et la culture, mais aussi entre les cultures. Quand Wilfred vient au Québec, les accordéonistes et badauds lui jettent des regards plus étonnés qu'hostiles. Il suffit qu'il se mette à jouer pour abolir toute distance culturelle, et passer au-delà des mots pour se comprendre.

Le film de Katia Paradis est une invitation au rêve et à la poésie. La beauté des trois rois impose le respect et tiens le spectateur d'un bout à l'autre d'un film qui n'existe que par et pour eux. À noter: le public pourra découvrir Paul Nabor en chair et en os le 4 juillet au Festival de jazz.

Trois rois

Documentaire de Katia Paradis.

Au Belize trois musiciens parlent de leur vocation, de leurs talents, de leurs dons.

Une promenade bucolique dans la vie de trois hommes hors du commun.

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