«X» (Derek Magyar) a 25 ans. Escorte accompli, il partage sa carrière entre 12 clients riches, et dévoués. Les affaires sont au beau fixe, les amours un peu moins. Plus que pour les autres, le coeur de «X» a ses raisons: l'argent.

Depuis son premier amour, consommé et déçu lors de ses 12 ans, le coeur de «X» n'a plus vraiment battu la chamade. Une attirance pour l'un de ses colocataires, Andrew (Darryl Stephens), ainsi qu'une relation peu conventionnelle avec l'un de ses clients, Grégory (Patrick Bauchau), pourrait bien changer la donne.

Avec Boy Culture, le réalisateur Q. Allan Brocka (Eating Out) voulait faire un film romantique gai qui soit plus qu'une version homosexuelle d'une romance hétéro. C'est mission accomplie. «X» est un héros typiquement masculin, un cynique blasé doublé d'un romantique sensible.

Dans Boy Culture, les relations gaies sont passées au peigne fin. Il y a des histoires d'amour qui se terminent mal, des histoires de cul à n'en plus finir, et des histoires d'amour qui n'ont pas pu finir pour la simple raison qu'elles n'ont jamais commencé.

Les obstacles rencontrés par les hommes de Boy Culture n'ont rien de familial ou de social. Pas d'environnement hostile autour de ces hommes gais, mais juste leurs propres barrières, leurs propres limites, dressées par une peur de se dévoiler et de souffrir.

La voix off de «X» offre un précieux guide dans les âmes gaies. Grégory-Pascal Bauchau joue avec intelligence un homme subtil, qui amène «X» à montrer plus qu'à personne de lui-même. Enfin, la «famille» formée par «X» et ses colocs est certes bien peu typique, mais non moins émouvante.

Étonnamment, plus le film avance, et plus on se laisse toucher par la quête d'absolu que mène, sans le savoir, «X». L'amour, oui, mais comment? Une question qui a le mérite d'être explorée avec intelligence et humour dans ce long-métrage remarqué dans les festivals gais ou de films indépendants aux États-Unis.

Le tout ne manque pas de rappeler - dans un registre éminemment homo - les calculs sentimentaux de Carie Bradshaw et ses copines et les histoires torrides des personnages de Queer as Folk. Mais avec Boy Culture, le réalisateur Q. Allan Brocka donne de la voix - et du talent - au cinéma gai, avec des acteurs (Dereka Magyar, Patrick Bauchau, Darryl Stephens et Jonathon Trent) qui, eux, ne manquent pas d'allant.

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Boy Culture, comédie sentimentale de Q. Allan Brocka. Avec Derek Magyar, George Jonson, Patrick Bauchau, Darryl Stephens.

«X» partage ses journées entre ses clients et sa vie avec deux colocs. Il en connaît un bon bout sur le sexe, et bien peu sur les sentiments. L'un de ses clients, Grégory, peut peut-être l'aider.

Adaptation du best-seller de Matthew Rettenmud assez convaincante.

* * 1/2