Lors d'un dîner, Nicolas et Valérie entraînent leurs amis dans une conversation olé-olé. «Qu'est-ce que vous pensez de ça, l'échangisme ?» demande Valérie, l'oeil un brin concupiscent, entre le fromage et le dessert.

Le regard des messieurs s'allume : ils sont a priori pour. Leurs femmes, a priori contre. Tous vont pourtant se laisser tenter par une expérience dans un club. De ces parties fines entre amis, les couples, amenés à se questionner, ne sortiront pas indemnes.

Simon Boisvert explore dans ce premier long métrage les chemins menant du sexe aux sentiments, et des sentiments au sexe, le tout, loin de la morale bien pensante. Soit. Les frères Larrieu l'avait plutôt bien porté à l'écran, avec Peindre ou faire l'amour, et Shortbus, de John Cameron Mitchell, explorait le sexe à plusieurs à New York de façon étonnante.

Malheureusement, les apprentis échangistes manquent, au début, de substance. Les personnages, un brin caricaturaux, brassent beaucoup de lieux communs. Il faut attendre les passages à l'acte, et le dénouement, pour trouver un peu de matière au film, qui reste toutefois trivial.

Les dialogues, construits autour d'un vocabulaire volontairement cru, peuvent détonner - et étonner - par leur vulgarité. «Toi, au moins, quand tu viens dans le dos [de ta femme], ça vole encore dans les cheveux. Moi, ça tombe directement sur la fesse gauche», dira l'un des personnages, dépité par son vieillissement.

Sous couvert d'un appel à la réflexion sur le sexe et le couple, Simon Boisvert suggère n'importe quoi - un homme se masturbant dans des rouleaux de papier toilette - et surtout, n'importe comment - un fondu enchaîné sur une voiture qui s'agite, on vous laisse deviner pourquoi, sur les vaguelettes d'un fleuve.

Les cadrages, les effets visuels et la trame sonore, plus-cheap-t'es-dans-un-porno-amateur, n'aident pas non plus à entrer dans l'histoire, servie par des comédiens qui sonnent faux. Le tout crée une ambiance aussi sensuelle qu'une partie de scrabble avec son arrière grand-oncle.

On ne le dira jamais assez. Au cinéma, ce n'est pas la taille (du budget) qui compte, mais bien le talent, ou à défaut, un certain savoir-faire. Deux qualités cruellement absentes de ce premier long métrage.

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* 1/2

ÉCHANGISTES, étude de moeurs de Simon Boisvert. Avec Kina Beauchemin, Erwin Weche, Diana Lewis, Sylvain Latendresse.

Trois couples d'amis se lancent dans l'échangisme. Tous n'en sortiront pas indemnes.

Une première réalisation maladroite, pour un scénario qui peine à convaincre.