Peut-on parler de Mel Gibson, réalisateur, comme d'un véritable auteur, au sens chic? C'est-à-dire comme d'un cinéaste capable de faire valoir un style, certaines idées, une façon de faire, voire un propos? Gibson n'a pas signé beaucoup de films mais chacun porte sa griffe. À notre humble avis, cela suffit à faire de lui un «auteur», qu'importent les qualités et défauts de son cinéma, que l'on pourrait qualifier de «cinéma du massacre». Gibson n'est pas un tendre et ses films sentent le sang, la boue, le musc et laissent un arrière-goût de dégât. On peut tout lui reprocher sauf de fabriquer des films ennuyeux. Preuve qu'il a du style, il est déjà plagié.

Pathfinder mélange Braveheart et Apocalypto sans aucun complexe, il s'agit bel et bien d'un authentique sous-produit de série B. Pathfinder fait l'effet d'une bande-annonce de deux heures, et ce dès le générique qui ferait à lui seul une excellente publicité de film.

D'une violence extrême et explicite, façon Gibson, Pathfinder laisse pourtant l'impression d'un film pour préadolescents. Le héros ici est un jeune viking rescapé d'un naufrage et sauvé par les membres d'une tribu amérindienne. Les années passent, ce garçon grandit parmi les indigènes, devient en quelque sorte un des leurs mais demeure troublé par son passé de fils de barbare.

Quand les drakkars vikings accostent une fois de plus, laissant les hordes guerrières finir leur sale besogne d'extermination, notre héros se range évidemment du côté de son peuple d'adoption et livre un combat à finir avec son ancien clan.

Apocalypto s'est attiré les foudres de divers groupes et de spécialistes de la culture maya qui y lisaient d'inacceptables incohérences historiques et une certaine condescendance envers ces peuples autochtones. Quoi qu'il en soit, il faut bien admettre que Gibson a fabriqué un film visuellement impressionnant et qu'il a eu l'intelligence de faire parler ses personnages dans leur dialecte, pour plus de dépaysement.

Or, tel est l'immense défaut de Pathfinder: les amérindiens parlent l'anglais courant. Cela, évidemment, ravira ceux du vaste public qui n'aiment pas les sous-titres, mais du coup cela réduit l'oeuvre à un simple «film d'aventures» sans aucune envergure, sans le moindre repère historique.

Les vikings sont méchants («c'est dans leur sang», dira le héros) et les indiens sont purs. Les dialogues, par leur fausse profondeur, frisent parfois le ridicule, d'autant plus qu'à peu près tous les acteurs ici sont assez mauvais, ou plutôt, comme on dit pour être poli, très mal dirigés.

Amateurs de batailles rustiques et sauvages, avec coups de massues, têtes tranchées, feu, sang et fureur, ce film est à vous.

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PATHFINDER. Drame de Marcus Nispel. Avec Karl Urban, Moon Blodgood, Russell Means.

Sauvé par une tribu d'amérindiens, un jeune viking grandira parmi eux. Une nouvelle attaque des barbares barbus et nordiques lui donnera le goût de la vengeance contre ceux-là qui furent les siens.

Ennuyeux et répétitif à force de violence. Mais le bruit et la fureur enterrent nos bâillements.