Très, très bel objet que ce Renaissance visuellement fabuleux et techniquement irréprochable. Preuve que les Français ne traînent pas de la patte dans le domaine du cinéma d'animation. S'il serait précipité de crier au chef-d'oeuvre, on est en droit de chuchoter au génie. Parlons-en plus modestement d'une réussite: Christian Volckman et ses nombreux acolytes ont fabriqué à la fois un dessin animé de haut calibre et un excellent film de science-fiction, un polar futuriste plus exactement, qui rappellera spontanément Blade Runner. Ceux qui apprécient la bande dessinée d'anticipation s'y trouveront en terrain familier.

2054 : Paris n'est plus Paris. Ce qui subsiste de son patrimoine architectural est mêlé à d'affreuses structures métalliques et à de gigantesques complexes fabriqués, semble-t-il, dans l'urgence d'une hypothétique reconstruction. L'idée d'une troisième guerre mondiale y est évoquée, et vraisemblablement le libéralisme économique aura triomphé.

Ce Paris reconstitué est obscurément dirigé par une immense entreprise de produits cosmétiques, Avalon (clin d'oeil à Revlon) qui ne lésine pas dans les campagnes de publicité: partout on trouve de grands écrans ventant les mérites de la compagnie et ceux de l'éternelle jeunesse. Bref, on se croirait... en 2006!

À la suite du kidnapping d'une jeune savante à la solde d'Avalon, un superflic malcommode mène l'enquête. On comprendra assez vite que les ravisseurs sont à la recherche d'un précieux document, et on apprendra plus tard que ces dossiers forment ni plus ni moins que le mode d'emploi pour devenir immortel... Notre superflic sera face à un grand dilemme moral: faire son travail, récupérer la savante et les documents, et risquer que les secrets de l'immortalité soient utilisés par Avalon à des fins mercantiles et dangereuses.

Renaissance est en grande partie un «film dessiné»; de véritables acteurs se prêtent au jeu, les images ont ensuite été retouchées et trafiquées pour en faire un film d'animation proprement dit, un dessin animé hyperréaliste. Volckman a opté pour le noir et blanc, donnant à l'oeuvre un irrésistible cachet de mystère et cette atmosphère étouffante d'un monde postapocalyptique glauque et malsain.

Seul gros hic: la pauvreté des dialogues, d'un imperturbable sérieux, d'une grande platitude et, parfois, d'une niaiserie fort agaçante. Avec de meilleurs textes, affinés, un minimum d'humour et une intrigue mieux ramassée, Renaissance, premier long métrage de Volckman, frôlerait le coup de maître. Pas mal pour un coup d'essai! En attendant mieux, il s'agit là en quelque sorte de l'équivalent français du célèbre Akira de Katsuhiro Ôtomo.

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Renaissance, Film d'animation/science-fiction de Christian Volckman.

Paris 2054. Dans une ville en reconstruction, un flic enquête sur le kidnapping d'une jeune savante qui travaille pour une gigantesque compagnie de produits de beauté.

Un régal pour l'oeil. Une réussite surprenante, si l'on veut bien oublier la pauvreté parfois risible des dialogues.