À partir d'une « de ces nouvelles pour dames de Somerset Maugham », comme le chante Alain Souchon, le scénariste Ron Nyswaner (Philadelphia), le réalisateur John Curran (We Don't Live Here Anymore) et le directeur de la photographie Stuart Dryburgh (The Piano) ont fait un très beau film d'époque, The Painted Veil. Qui, si ce n'est qu'il se déroule en Chine, rappelle ces histoires d'hier racontées par Merchant et Ivory. D'où ce sentiment de déjà-vu et cette impression de prévisible (laquelle s'accentue en cours de route et se confirme en fin de parcours).

Publié en 1925, le roman de l'écrivain britannique met en scène un couple anglais bien mal assorti. Le taciturne Walter Fane (Edward Norton) est bactériologiste. La frivole Kitty (Naomi Watts) est une enfant gâtée de la haute bourgeoisie londonienne. Ils se marient, pas pour les bonnes raisons. Puis, vont s'installer à Shanghai. Walter y travaille. Kitty s'y ennuie. Prend un amant (Liev Schreiber). L'époux trahi accule la femme adultère au pied du mur : il divorce (et lui inflige ainsi une humiliation publique) ou elle le suit à Mei-tan-fu, un village situé loin dans les terres et frappé par une épidémie de choléra et évite le déshonneur. Elle décide de l'accompagner.

Et là, dans l'adversité la maladie, l'isolement, et les tensions de plus en plus fortes entre les Anglais et le peuple chinois qui commence à se rebeller contre le colonialisme britannique ils se découvriront. Eux-mêmes, et l'autre. Ils apprendront à se respecter. À s'apprécier. Puis, à s'aimer. Une histoire de vengeance qui, finalement, se mue en rédemption. Et qui est portée par des acteurs bellement nuancés.

Non seulement Edward Norton et Naomi Watts forment-ils un couple très crédible à l'écran, mais on (res)sent, dans leurs gestes et leur attitude, la complexité des êtres qu'ils incarnent; et on lit, sur leurs traits et jusque dans leur souffle, l'évolution de leur relation. Quant aux personnages secondaires, ils sont peu nombreux mais très bien campés. Liev Schreiber en diplomate volage dont s'éprend Kitty est aussi attirant dans un premier temps qu'il apparaît veule par la suite. Et Toby Jones en représentant du gouvernement britannique à Mei-tan-fu semble au premier abord être homme à avoir baissé les bras mais s'avère doué d'une immense humanité.

Autour d'eux, tel un écrin verdoyant, des paysages d'une beauté époustouflante. La première scène, où Walter et Kitty attendent, dans l'humidité et la pluie, les porteurs qui les conduiront à Mei-tan-fu, est exceptionnelle. Finalement, le scénario. Élégant. Juste. Mettant en valeur, plus que le roman en tout cas, de mémoire les tensions sociales qui sévissaient dans la Chine coloniale de ces années 20.

Mais demeure cette impression d'avoir entendu cette histoire cent fois. Peut-être plus...

THE PAINTED VEILDrame de John Curran. Avec Naomi Watts, Edward Norton, Liev Schreiber, Toby Jones.

Il est médecin. Elle fait partie de la haute société londonienne. Ils se marient. S'installent à Shanghai. Elle le trompe. Pour se venger, il décide d'aller vivre dans un village frappé par le choléra. Avec elle. À travers les épreuves, ils se " retrouveront ".

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The Painted Veil
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Une belle histoire d'amour somptueusement filmée et magistralement interprétée. Sauf que, campée sous d'autres cieux ou dans d'autres époques, elle a été racontée cent fois. Ou peut-être mille...