Après les combats d'Erin Brokovitch, immortalisée par Julia Roberts au grand écran, c'est au tour de ceux d'Erin Gruwell, professeur d'anglais à qui Hilary Swank prête ses traits, de faire l'objet d'une adaptation hollywoodienne.

Les idéaux d'Erin Gruwell, fraîchement débarquée dans un lycée sensible, se heurtent à la dure réalité du métier. Dans sa classe - la salle 203 - se retrouvent tous les conflits du quartier : guerre de gangs et petits racismes ordinaires.

Loin de les abandonner à eux-mêmes, comme l'ont fait la majorité de ses collègues, Erin Gruwell décide, coûte que coûte, de les sortir du cercle de la haine et de la violence. Elle gagne leur confiance et leur respect en les intéressant à des livres écrits par d'autres adolescents, dont le célèbre journal d'Anne Frank.

Le combat de «Mss G» comme la surnomment ses étudiants, était pourtant loin d'être gagné. Critiquée par son père, délaissée par son époux, boycottée par le principal du lycée, Erin Gruwell s'accroche à ses certitudes et ses intuitions. Non,«ses»jeunes ne sont pas que de la mauvaise graine, et elle va le prouver.

Difficile de trouver histoire plus consensuelle que celle des jeunes Freedom Writers, dont l'histoire a également fait l'objet d'un livre du même nom. Dans un système scolaire américain fortement enclin à la reproduction sociale, la méthode d'Erin Gruwell, reprise d'année en année, remet au goût du jour le rêve américain.

Le risque d'une adaptation au cinéma, c'est bien sûr d'assaisonner le scénario de petites larmes, de répliques du type «ien n'est impossible si tu crois en toi»et autres envolées lyriques. Autant d'écueils que n'évite pas le scénariste Richard LeGravanese ( i>Sur la route de Madison).

Coincée dans un rôle sans nuances ni réelle profondeur, Hilary Swank, l'une des valeurs sûres du cinéma américain depuis sa performance oscarisée dans Million Dollar Baby, peine à donner de la substance à cette professeur, parfaite entêtée, souriante et travaillante.

Freedom Writers offre pourtant de beaux moments. Plus nuancé dans ses débuts, le film présente les divers ghettos dans lesquels s'enferment malgré eux les jeunes. Le spectateur est aussi invité à partager leurs pensées grâce à un original jeu de voix hors champ qui commentent, de temps à autres, les images.

Les choses se gâtent quand Miss G sort ses élèves du cercle vicieux de la ghettoïsation. On perd en nuance ce que l'on gagne en mièvrerie et en moralisme, et le film ne parvient pas à se trouver un second souffle une fois signée la fin des hostilités entre le professeur et sa classe. Au final, les deux heures de ce film qui ne prend aucun risque paraissent bien longuettes.

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* * 1/2

Freedom Writers, de Richard LaGravenese. Avec Hilary Swank, Patrick Dempsey, Scott Glenn, April L. Hernandez, Kristin Herrera. 123 minutes.

Une professeur d'anglais découvre avec effroi l'abandon et la négligence dont sont victimes ses élèves du Wilson High School, en Californie. Loin de se laisser abattre, elle décide de redonner confiance en eux aux jeunes...

L'histoire «vaie»d'Erin Gruwell et des «Feedom Writers»devient, sous la caméra de Richard LaGravenese, une success story moralisatrice.