Mine de rien (mais vraiment rien) l'acteur devenu réalisateur John Stockwell s'est taillé sa petite place d'honnête ouvrier dans le domaine de la série B. Une lecture rapide de son mince CV nous permet, sans plus d'analyse, d'avancer la chose suivante : Stockwell aime beaucoup les fonds marins, l'eau en général, et les bikinis en particulier.

Après avoir retâté le film de surf (Blue Crush) et après avoir commis un remake inavoué du thriller aquatique The Deep (Into the Blue), Stockwell s'en prend maintenant au film d'horreur avec ce Turistas, sous-produit «chaud et humide» du glauque Hostel. Oui, messieurs, il y a du bikini en masse dans cette histoire de meurtres sordides commis dans les jungles brésiliennes. Ça n'a rien à voir, mais c'est agréable à l'il. Appelons cela la «touche Stockwell».

Voici l'affaire : un groupe de jeunes gens, tous bien blancs et en grande forme, traversent le Brésil en autobus, rêvant de baignades, de sport extrême, de tequila et d'aventures érotiques. Survient un grave accident. L'autobus capote pour échouer dans un ravin. Fort heureusement, tous s'en sortent indemnes. Sains et saufs mais perdus dans un recoin de pays mystérieux et éloigné.

Ils ne savent pas qu'il s'agit en vérité d'un piège, qu'on en veut à leur peau, plus précisément à leurs organes vitaux. Dans les profondeurs de la jungle, un docteur dément, semblable à l'archétypique savant fou des bandes dessinées, opère un étrange hôpital d'où les «patients» ne sortent pas en un seul morceau... N'en disons pas plus.

Melting-pot plus ou moins digeste (comme le suggère le titre), Turistas récupère un peu de tout ce qui fait les bons et les mauvais jours du cinéma d'horreur récent : les jeunes voyageurs égarés aux prises avec des maniaques sanguinaires (Hostel, Wolf Creek), les donzelles peu habillées coincées dans quelque étroit réseau de cavernes (The Cave, The Descent).

Quelque part, pour l'exotisme et le dépaysement, il évoque aussi vaguement ces bons vieux films de cannibales italiens des années 70 et 80. Dit autrement, Turistas est un spectacle divertissant (dans la mesure où la vue du sang et des filles en bikini vous stimule) mais parfaitement futile et niais. On y trouve une timide amorce de «discours politique», quand le docteur fou explique (longuement) ses motivations profondes, mais le «propos» est immédiatement évacué au profit de courses-poursuites dynamiques et d'effets gore somme toute supportables. On n'en sort pas choqué, à moins d'être vraiment sensible.

Le Hostel d'Eli Roth, sans appuyer, proposait, entre deux images horrifiques, une vague réflexion sur la paranoïa générale des Américains, lesquels se sentiraient partout menacés, partout honnis hors de leur contrée. Turistas ne propose rien d'autre que 90 minutes de délassement puéril et insignifiant.

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TURISTAS(V.F.: TOURISTES), film d'horreur de John Stockwell. Avec Josh Duhamel, Olivia Wilde, Melissa George.

De jeunes gens bien fermes, bien frais et en parfaite santé, font leur trip exotique dans les profondeurs du Brésil. Ils seront accueillis par d'étranges personnages, aux vues diaboliques...

Un film pop-corn, comme on dit. Avec beaucoup de simili beurre.